Un soutien nutritionnel améliore la qualité de vie dans le cadre d'un cancer avancé

Protéines, énergie et oméga-3 sont les trois éléments clés de la thérapie nutritionnelle adaptée aux cancers avancés.

L’incidence des cancers augmente parallèlement à la réduction du taux de mortalité par cancer, signant une amélioration évidente des pratiques de soin depuis plus de 10 ans. Cependant, dans le cas des cancers avancés, le taux de survie n’a pas changé. Les traitements sont souvent mal suivis car mal tolérés par les patients. Il parait donc essentiel d’identifier les facteurs associés à une tolérance et une efficacité réduite des traitements anti-cancer pour optimiser la délivrance des médicaments et réduire leur impact sur la qualité de vie. La dénutrition fait partie de ces facteurs. Une conférence organisée par la Nutrition Society a développé ce sujet en décembre dernier. Elle a fait l’objet d’une publication dans l’édition de cet été des Proceedings of the Nutrition Society.

Dénutrition et cachexie, deux facteurs de pronostic négatif

La prévalence de la dénutrition augmente avec le stade d’avancement du cancer si bien que près de 60 % des patients avec un cancer avancé sont dénutris. Cette dénutrition altère considérablement les chances de survie et augmente le risque de toxicité du traitement anti-cancéreux. Elle est principalement due à une réduction des apports énergétiques et protéiques associés à des changements métaboliques et à une réponse inflammatoire accrue, caractéristiques de la pathogénèse de la cachexie. 

Quel soutien nutritionnel dans le traitement du cancer ?

L’outil nutritionnel est encore rarement exploité lors du traitement anti-cancéreux, probablement en raison du grand nombre de sujets en surpoids parmi les patients atteint d’un cancer et parce que la nutrition ne fait pas partie des outils thérapeutiques des oncologues. Pourtant le traitement nutritionnel devrait être débuté précocement pour prévenir la chute pondérale en post-diagnostic.  Ce soutien nutritionnel devrait aussi s’intégrer dans le parcours de soin des patients et prendre en compte les moments critiques (inconfort psychologique, stress chirurgical, réponse inflammatoire induite par la chimiothérapie, mucosite, etc.) qui affectent négativement le statut nutritionnel des sujets.

L’objectif du soutien nutritionnel doit être de minimiser l’impact de ces moments critiques (hypermétabolisme et réduction de l’appétit) et de maximiser la récupération entre ces évènements cataboliques. L’approche nutritionnelle doit être précoce, cibler le poids et la masse musculaire et doit être maintenue dans le temps. Répondre aux besoins en énergie et en protéines est la clé pour obtenir des effets cliniques. L’utilisation de nutriments actifs comme les oméga-3 à longues chaines, dont les effets anti-inflammatoires sont connus, peut également améliorer l’efficacité des thérapies anticancéreuses.  

Quels sont les impacts de la lutte contre la dénutrition dans le traitement du cancer ?

Les études cliniques montrent que les sujets à haut risque nutritionnel ont une moindre survie.  Lorsqu’ils sont classés selon le support nutritionnel qu’ils reçoivent, ceux dont la prise en charge nutritionnelle est précoce survivent plus longtemps que les autres. Les données montrent aussi que passer d’un état cachexique à non-cachexique et augmenter le poids du sujets améliore sa survie.

Dans le cas du cancer du côlon de stade 3, les sujets actifs physiquement, avec un poids santé et qui consomment des légumes ont une meilleure survie. L’utilisation précoce de suppléments en énergie et en protéines combinée à des modulateurs de la réponse inflammatoire (oméga-3) a montré des bénéfices sur le statut nutritionnel et sur les suites cliniques des sujets sous chimiothérapie. Ceci serait dû à l’augmentation du poids des sujets et à la modulation par les oméga-3 de la réponse inflammatoire à la chimiothérapie. Celle-ci permet de restaurer les capacités anaboliques du patient et d’augmenter la vulnérabilité des cellules cancéreuses au traitement.

Lorsqu’elle fait partie des soins précoces, la thérapie nutritionnelle améliore la qualité de vie des patients atteints de cancer.

Nutrition support and clinical outcome in advanced cancer patients. Laviano A, Di Lazzaro L, Koverech A. Proc Nutr Soc. 2018 Jul 13:1-6.  https://doi.org/10.1017/S0029665118000459