Trouble de déglutition : dépister, évaluer, traiter

Les troubles de déglutition chez le sujet âgé sont fréquents et peuvent avoir un impact sur sa santé. Le point sur les conséquences des pathologies sur la déglutition, sur son évaluation et sa prise en charge.

Les troubles de la déglutition majorés par certaines pathologies

La déglutition de la personne âgée, déjà un peu fragilisée, peut être majorée par la maladie de Parkinson, les syndromes Parkinsoniens, la maladie d’Alzheimer, les dégénérescences lobaires fronto-temporales, la Sclérose Latérale Amyotrophique et les AVC. Les troubles associés à ces pathologies (hypotonie buccale et linguale, moindre amplitude mandibulaire, rigidité, troubles visuels et attentionnels, diminution de la sensibilité et des réflexes, ralentissement moteur, etc.) altèrent les différentes phases de la déglutition.

Les signes d’alerte

Les signes évocateurs de troubles de la déglutition sont multiples mais ne sont pas toujours facilement repérables. La vigilance s’impose face à :

  • Des aversions alimentaires ;
  • Une durée de repas plus longue ;
  • Une dénutrition ;
  • Des fausses routes ;
  • Une gêne pour avaler ;
  • Un fractionnement de la déglutition en plusieurs fois ;
  • Des reflux et régurgitations ;
  • Une stagnation buccale des aliments ;
  • Une hypersalivation ou bavage ;
  • Des fuites alimentaires par la bouche ou le nez ;
  • Une voix modifée ;
  • Une cyanose ou une pâleur pendant ou après le repas ;
  • Des pics fébriles inexpliqués ;
  • Une dyspnée avec encombrement bronchique.

Un bilan préalable

Un entretien avec le patient et son entourage est nécessaire car le patient n’est pas toujours conscient des signes évocateurs des troubles de déglutition. Des questionnaires d’autoévaluation (EAT-10, DHI, SWAL-QOL) peuvent être utiles ainsi que l’observation de la posture, des capacités cognitives et praxiques du sujet, de la déglutition au repos et en action.L’écoute du timbre de la voix permet d’évaluer la qualité des sphincters laryngé et vélaire et un test de capacité fonctionnelle permet d’apprécier la fonctionnalité de la déglutition des solides et des liquides.

La prise en charge

La prise en charge comprend plusieurs étapes :

  • La rééducation de la motricité bucco faciale : exercices variés pouvant intégrer le chant, le théâtre, l’human beatbox (bruits de percussion avec la bouche, le torse et le souffle), qui renforcent l’accolement des plis vocaux et le tonus du voile du palais. Des massages permettent en début de séance d’échauffer et assouplir les muscles du visage, et en fin de séance, de les détendre. L’EMST (pratiqué avec un appareil chez un kinésithérapeute) permet d’augmenter l’efficacité des mouvements musculaires mis en jeu dans la respiration et la déglutition.
  • L’éducation thérapeutique du patient (ETP) aide les patients dans leur quotidien en les informant sur les aliments et boissons à risque et leur donnant des conseils personnalisés.
  • Des adaptations alimentaires (textures, renforcement du goût et des odeurs…), de la posture, des couverts, de la hauteur de la table… ou encore la hiérarchisation des prises alimentaires (commencer par le plus calorique) peuvent être conseillés.

Enfin, une approche bienveillante prenant en compte l’individu, son histoire, son entourage, son mode de vie, ses comorbidités, son fonctionnement cognitif et psychique est essentielle.

D’après l’article de C. Gentil, G Pêcheur-Peytel, P. Navarro, Y.Guilhermet, P. Krolak-Salmon. Les troubles de la déglutition chez le patient âgé : les dépister, les évaluer, les prendre en soin. Pratique Neurologique – FMC 2021 ;12 :41-50.