Dysphagie post-AVC : les facteurs favorables à la récupération

La dysphagie oropharyngée est une complication fréquente après un accident vasculaire cérébral et qui parfois se rétablit spontanément. Une équipe espagnole décrit dans la revue Geriatrics, l’histoire naturelle de la dysphagie post-AVC entre l’admission et trois mois après l’AVC, ainsi que les facteurs associés à sa prévalence.

Trois mois de suivi post-AVC

Un groupe de 247 sujets (73 ans en moyenne, 59% d’hommes) admis à l’hôpital pour un AVC et n’ayant jamais déclaré auparavant de troubles de la déglutition ont été suivis durant trois mois. La présence d’une dysphagie post-AVC a été évaluée au moyen du test « Volume Viscosity Swallowing Test » (V-VST) dès l’admission et après trois mois. Les chercheurs ont comparé les facteurs cliniques, démographiques et neuroanatomiques des patients avec ou sans rétablissement spontané de leur dysphagie.

La dysphagie, présente chez 39,7% des sujets

A l’admission, la prévalence de la dysphagie oropharyngée post-AVC était de 39,7% : 34 % présentaient une déglutition dangereuse (voix « mouillée », toux et diminution de la saturation en oxygène de 3% par rapport au niveau basal) et 30,8% une déglutition moins efficace (résidus buccaux, altération du tonus labial, déglutition fractionnée ou résidus pharyngés). 

Après trois mois de suivi, la prévalence était montée à 41,7% des sujets. Mais ils étaient moins nombreux à présenter une déglutition dangereuse (19,4%) tandis qu’ils étaient davantage à avoir une déglutition moins efficace (39,3%).

La récupération spontanée des capacités de déglutition concernait 42,4% des patients présentant une déglutition dangereuse et 29,9% des patients présentant une déglutition moins efficace.

La récupération dépend de nombreux facteurs

Chez les sujets qui avaient une déglutition dangereuse après l’AVC, la récupération spontanée des capacités de déglutition était associée à un âge plus jeune, l’absence d’antécédents cardiaques et un état fonctionnel optimal (autonomie dans les activités quotidiennes). Et les sujets avec infarctus de l’artère cérébrale moyenne tendaient à mieux récupérer.

Chez les sujets qui avaient une déglutition moins efficace après l’AVC, la récupération spontanée était associée à l’absence de pathologies cardiaques.

Parmi les sujets ne présentant pas de dysphagie en post-AVC, 26 % des patients post-AVC ont développé des troubles de déglutition inefficace durant le suivi. Ceci était plus souvent associé à un infarctus dans des territoires vasculaires autres qu’en circulation postérieure, à un mauvais état fonctionnel (dépendants), nutritionnel et de santé, et à l’hospitalisation.

Les chercheurs concluent que la dysphagie post-AVC est un état dynamique avec pour certains une récupération spontanée et pour les plus vulnérables l’apparition de nouveaux troubles de la déglutition. Une surveillance systématique et régulière de la dysphagie post-AVC semble donc nécessaire durant le suivi pour identifier les patients présentant un risque élevé de complications nutritionnelles et respiratoires.

Natural History of Swallow Function during the Three-Month Period after Stroke. Arreola V, Vilardell N, Ortega O, Rofes L, Muriana D, Palomeras E, Álvarez-Berdugo D, Clavé P. Geriatrics (Basel). 2019 Jul https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31324004