Dysphagie, faiblesse musculaire et troubles cognitifs annoncent une dénutrition

Connaitre les signes d’alerte d’un risque de dénutrition pourrait permettre d’agir précocement dès l’admission à l’hôpital.

Les études indiquent que les facteurs de risque de dénutrition sont multiples et peuvent être d’ordre sociodémographique (âge, sexe, emploi occupé…), psychologique et de santé (capacités fonctionnelles, comorbidités, traitements médicamenteux, capacités de mastication et déglutition…). Des relations ont aussi été identifiées entre la dysphagie et le risque de dénutrition, la capacité de déglutition et la force de préhension.

La dénutrition chez les patients admis à l’hôpital peut avoir des effets délétères sur leur rétablissement et leur guérison. Pour favoriser son dépistage dès l’admission à l’hôpital, des chercheurs néo-zélandais ont cherché à identifier les éléments prédictifs du risque de dénutrition chez les personnes âgées et ont exploré les associations entre la force musculaire, la dysphagie et la dénutrition.

Trois quart des sujets admis à l’hôpital sont concernés

L’étude a été menée dans deux hôpitaux d’Auckland (Nouvelle-Zélande) chez 234 adultes de plus de 65 ans pour les Maoris et de plus de 55 ans pour ceux d’origine Australe. Le risque de dénutrition était évalué dans les 5 jours de l’admission à l’aide du questionnaire MNA®-SF, le risque de dysphagie par l’outil EAT-10, la force musculaire par la force de préhension et l’évaluation des dysfonctions cognitives par le test MoCA.

Parmi les 234 participants (âge moyen : 83,6 ± 7,6 ans), 46,6% présentaient un risque de dénutrition (score MNA®-SF de 8-11) et 26,9% souffraient déjà de dénutrition (score MNA®-SF de 12-14). Seul un tiers des sujets avaient une dentition complète et un risque accru de problèmes de déglutition était suggéré par un score EAT-10 élevé de 3,0 (± 5,8). La majorité des participants présentait une diminution de la force musculaire (prise en main), des troubles cognitifs, requéraient une aide quotidienne pour les activités quotidiennes et présentaient six comorbidités. L’hypertension (et d’autres maladies vasculaires), l’ostéoporose et la bronchopneumopathie chronique obstructive étaient les affections les plus fréquemment observées.

Trois signes d’alerte

Après ajustement sur l’âge, le sexe et l’origine ethnique, l’étude identifiait trois éléments prédictifs d’un risque de dénutrition : un risque élevé de dysphagie (score EAT-10 >3), un indice de masse corporelle bas (< 23 kg/m²), une faible force musculaire (force de préhension de la main <13.9 kg) et un déclin cognitif (score MoCA<17.8).

Les chercheurs concluent que parmi les sujets âgés admis à l’hôpital, près des trois quarts souffrent de dénutrition ou de risque de dénutrition. Un dépistage rapide s’impose dès l’admission pour identifier les sujets pouvant bénéficier d’un soutien nutritionnel. La présence d’une dysphagie, d’une perte de poids involontaire, d’une force musculaire moindre ou de troubles de cognition doivent à ce titre alerter les soignants.  Intervenir sur ces pathologies pourrait réduire le risque de dénutrition.

 

Dysphagia risk, low muscle strength and poor cognition predict malnutrition risk in older adults athospital admission. Chatindiara I, Allen J, Popman A, Patel D, Richter M, Kruger M, Wham C. BMC Geriatr. 2018 Mar 21;18(1):78. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5863453/