Combiner les approches pour améliorer l’apport nutritionnel des sujets âgés hospitalisés

L’enrichissement alimentaire combiné à une assistance aux repas, améliorent durablement les apports nutritionnels des sujets âgés hospitalisés  

L’utilisation de compléments nutritionnels oraux, l’enrichissement des repas, l’ajout de collations entre repas et l’aide à la prise des repas ont montré un impact favorable sur l’apport nutritionnel des sujets âgés. Mais leur mise en pratique est souvent complexe. Des chercheurs Australiens ont suivi les apports nutritionnels de sujets âgés hospitalisés tandis que ces interventions nutritionnelles se mettaient progressivement en place dans l’hôpital de Brisbane. Ils ont publié le résultat de leurs observations sur une période de 7 ans dans la revue de la Société Européenne de Nutrition Clinique et Métabolisme (ESPEN).

Une mise en place progressive de nouvelles pratiques

Les apports nutritionnels de 320 sujets âgés hospitalisés (>65 ans) appartenant à trois cohortes successives – cohorte 1 (2007-2008) ; cohorte 2 (2009) ; cohorte 3 (2013-2014) de l’hôpital de Brisbane (Australie) ont été analysés. Les interventions nutritionnelles qui étaient intégrées progressivement entre 2007 et 2014 consistaient en : une aide à la prise des repas (2007), puis la proposition de repas enrichis et des collations (2009), et enfin, l’ajout, si nécessaire de compléments nutritionnels oraux (2013). L’analyse des restes sur les plateaux repas au 5ème jour après l’admission a permis de calculer les apports énergétiques et protéiques des sujets. Une observation des repas, du type de régime, de l’aide au repas (ou des interruptions) ont permis d’évaluer l’accompagnement nutritionnel par les soignants. 

Des effets visibles sur les consommations énergétiques et protéiques

Des améliorations significatives et progressives de l’apport énergétique et protéique ont été observées au fil des cohortes (énergie: cohorte 1: 5073 kJ/jour, cohorte 2: 5403 kJ/jour, cohorte 3: 5989 kJ/jour, p = 0,04 ; protéine : cohorte 1: 48 g/jour, cohorte 2: 50 g/jour, cohorte 3: 57 g/jour, p = 0,02). Si bien que les apports énergétiques et protéiques les plus élevés étaient observés dans la cohorte 3 (2013-2014). Les sujets y étaient aussi plus nombreux à atteindre les recommandations énergétiques et protéiques. L’enrichissement des repas, l’ajout de collations ou de compléments nutritionnels oraux ainsi que l’amélioration de l’aide aux repas, plus fréquemment mis en place auprès des patients de la cohorte 3 (2013-2014) comparé à ceux de la cohorte 1 (2007-2008) ont probablement contribué aux améliorations observées sur l’apport nutritionnel de la population de la cohorte 3. Dans cette cohorte, 32 % des sujets consommaient des repas enrichis et/ou des collations, 40 % consommaient des compléments nutritionnels oraux et 100 % disposaient d’une assistance au repas sur plus d’un repas par jour, contre respectivement 8 %, 15 % et 58 % dans la cohorte 1.

Approche combinée, progressivité et implication des soignants sont essentiels

Pour les chercheurs Australiens, une approche multidimensionnelle se focalisant autant sur l’accompagnement des repas (assistance et durée) que sur la nutrition (augmentation de l’apport énergétique et protéique), peut permettre des améliorations mesurables et durables de l’apport nutritionnel des patients âgés hospitalisés. L’implication du personnel et l’intégration progressive et sur plusieurs années de ces nouvelles pratiques sont aussi les clés du succès de cette intervention.

 

Improving nutrition care and intake for older hospital patients through system-level dietary and mealtime interventions. Young AM, Banks MD, Mudge AM. Clin Nutr ESPEN. 2018 Apr;24:140-147. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29576353