Alimentation des personnes âgées : besoins, recommandations et conseils pratiques

Il n’existe pas d’alimentation spécifique, mais un risque de dénutrition et de sarcopénie, dont la prévention et le traitement sont essentiels.

Elément vital, convivial, de santé, l’alimentation revêt une importance particulière chez les personnes âgées en raison de la fréquence de la dénutrition, de la sarcopénie et des pathologies chroniques associées qui les touchent. La qualité de la nutrition est déterminante sur la durée de vie et l’autonomie comme le montrent des chercheurs et médecins du service d’endocrinologie de l’hôpital d’Instruction des Armées Bégin dans la revue Médecine des maladies Métaboliques.

  • Une population très hétérogène

Il existe trois catégories de sujets âgés : (1) ceux qui ont bien réussi leur vieillissement, autonomes et avec un bon état nutritionnel ; (2) les sujets âgés fragiles qui présentent plusieurs affections et troubles nutritionnels ; (3) les sujets âgés dépendants avec de multiples affections et qui sont fréquemment institutionnalisés. Aux premiers, le mode alimentaire conseillé diffère peu des sujets plus jeunes, mais une évaluation régulière est nécessaire. Chez les seconds, l’état nutritionnel est un élément clé car la poly-médication les expose à un plus grand risque de dénutrition. Enfin, les troisièmes sont soumis à divers risques de chute, dépression, sarcopénie et dénutrition pour lesquels l’état nutritionnel est déterminant.

  • Des besoins nutritionnels majorés

Contrairement à une idée répandue, les besoins alimentaires des sujets âgés sont au moins équivalents à ceux des sujets plus jeunes. Ils sont majorés en cas d’activité physique ou d’agression métabolique, surtout s’il existe déjà une dénutrition. Les régimes restrictifs doivent être absolument évités.

  • Recommandations

 

Energie 30 à 35 kcal/kg/jour (dénutrition : 35 à 40 kcal/kg/j)
Protéines 1 à 1,2 g/kg/jour (dénutrition : 1,5 à 1,8 g/kg/j)
Lipides 35 à 40 % de l’apport énergétique total (AET)
Glucides 50 à 55 % de l’AET
Calcium 1 200 mg/j
Vitamine D 800 Ul/j
Fibres 20 à 30 g/j
Eau plus de 1,5 L/j

 

Chez les personnes en surpoids : aucune restriction alimentaire <1 600 kcal/jour ni <200 g/jour de glucides. Tenir compte des habitudes alimentaires, du cadre de vie, du contexte socio-économique et des pathologies du sujet.

 

  • Conseils pratiques au quotidien

– Les repas : au minimum trois par jour, suffisants en quantité et diversifiés. Des collations peuvent compléter les repas. Le repas du soir doit être suffisant. Il faut éviter un jeûne nocturne de plus de 12 heures. Privilégier plusieurs petites portions riches en calories par jour plutôt que trois repas traditionnels

– Les prises alimentaires sont insuffisantes ? Agir sur la qualité (saveurs,…), s’adapter aux goûts de la personne, inciter à « boire avant la soif », ne pas proscrire la consommation de vin mais la limiter. 

– Aider les sujets à mieux se nourrir : fournir des idées de collations ou de menus et si nécessaire, faire appel à du portage de repas à domicile.

– Eviter toute mesure favorisant les erreurs alimentaires et la culpabilisation (régime sans sel…).

– En cas de diabète : éviter les glucides simples en début ou en dehors des repas. Maintenir la convivialité des repas : le traitement doit s’adapter à l’alimentation et non l’inverse.

– En cas d’anorexie ou de dénutrition, enrichir les repas avec des aliments (œufs, fromage) ou des compléments nutritionnels en s’assurant qu’ils ne se substituent pas aux repas.

 

La nutrition des personnes âgées. B Bauduceau, G Belmejdoub, C. Dognon, L Bordier. Médecine des maladies Métaboliques – Mai 2017 – Vol. 11 – N°3. http://www.em-consulte.com/article/1123661/article/la-nutrition-des-personnes-agees