Accompagner les aidants pour mieux nourrir les aidés

Un accompagnement personnalisé et régulier du binôme aidant-aidé pourrait améliorer la prise en charge de la dénutrition à domicile.

Les aidants familiaux ou professionnels sont souvent démunis face aux personnes âgées dont elles s’occupent notamment lorsqu’elles souffrent de dénutrition. Or, à domicile, on estime qu’une personne sur deux est dénutrie ou à risque de dénutrition.  Comment l’aidant peut-il prendre en charge cette dénutrition ou la prévenir ?

Le projet RENESSENS (Réussir Ecologiquement une Nutrition Equilibrée et Sensoriellement adaptée pour Senior) financé par l’Agence Nationale de la Recherche, s’est donné pour mission de proposer un accompagnement nutritionnel au binôme aidant-aidé et d’évaluer son impact sur les changements de pratique à domicile.


Des conseils adaptés aux besoins et aux habitudes des sujets

L’accompagnement a été testé auprès de 39 binômes aidant-aidé recrutés à Angers et Clermont-Ferrand (54% de femmes, 86 ans en moyenne) : 27 avec un aidant familial (le conjoint ou la fille) et 12 avec un aidant professionnel.

Pendant 8 semaines, le binôme était accompagné par une diététicienne qui, dès le premier rendez-vous, évaluait la prise alimentaire de la personne aidée puis donnait les conseils diététiques nécessaires. Après 3 semaines, l’aidant participait à une formation sur la dénutrition de la personne âgée, sur les difficultés fréquemment rencontrées par cette dernière et les solutions pour y remédier. A la suite de cette formation, la diététicienne suivait l’aidant au travers de contacts réguliers, afin d’adapter les menus et les repas aux besoins nutritionnels de la personne âgée, tout en respectant les préférences et les habitudes alimentaires de cette dernière.

Un impact positif mais plusieurs freins restent à lever

Cette étude confirme la plus-value d’un accompagnement personnalisé et régulier du binôme aidant-aidé par rapport à une simple consultation diététique. En effet, le suivi personnalisé a permis des changements de pratiques et a eu un effet bénéfique sur l’aidé comme l’augmentation de ses ingestas. Quant à l’aidant, il indiquait avoir le sentiment d’être écouté et se sentait rassuré dans la prise en charge de l’aidé.

Toutefois, le succès de cet accompagnement reste dépendant du niveau de revenu de l’aidé, de son état de santé et donc de son niveau d’autonomie. Il est également lié à la volonté de l’aidé à mettre en place ces changements et à la motivation de l’aidant ainsi que sa disponibilité.

 

I. Maitre, A. Roger, B. Lesourd, C. Sulmont-Rossé, T. Corbière, M. Martin, M. Levasseur, V. Van Wymelbeke et RENESSENS. Journées Francophones de Nutrition 27-29 Novembre 2019, Rennes