Troubles de la praxie, causes et traitements

La vie est faite d’une multitude de mouvements, dont certains requièrent l’utilisation d’outils. Il va sans dire que la capacité à accomplir de telles actions essentielles à la vie quotidienne fait partie intégrante de l’autonomie fonctionnelle d’une personne. L’incapacité à les réaliser est définie comme l’apraxie.

Une revue publiée dans le Journal of Clinical Neurology rappelle les différents types d’apraxie, les pathologies pouvant en être la cause et les traitements possibles pour améliorer la qualité de vie des sujets.

Il n’existe pas une, mais plusieurs apraxies

Il existe trois grands types d’apraxies : l’apraxie idéomotrice, l’apraxie idéatoire, et l’apraxie cinétique.

L’apraxie idéomotrice est couramment observée chez les patients victimes d’AVC ou de troubles neurodégénératifs. Elle est définie comme un trouble de l’exécution d’un geste sur ordre verbal, malgré une connaissance intacte des tâches. Le patient est capable de décrire comment utiliser une cuillère, mais ne parvient pas à montrer son utilisation.

L’apraxie idéatoire se caractérise par l’incapacité de conceptualiser une tâche, malgré une identification intacte des outils. Le patient est incapable de séquencer correctement une série d’actions requises dans un type spécifique d’activité.

L’apraxie cinétique des membres est caractérisée par la perte de la capacité à faire des mouvements précis des doigts et des mains, indépendants mais coordonnés, entraînant des mouvements imprécis ou maladroits.

Certaines apraxies sont aussi définies en fonction des troubles spécifiques qu’elles touchent comme l’apraxie de l’habillage, l’apraxie oculomotrice (difficulté à ouvrir les paupières sur commande), l’apraxie de la marche ou de la position assise.

AVC et maladies neurodégénératives en sont à l’origine

L’apraxie se manifeste dans divers troubles neurologiques comme les accidents vasculaires cérébraux et les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson et les syndromes parkinsoniens atypiques (syndrome cortico-basal, paralysie supra-nucléaire progressive). Chez les personnes agées ayant subi un AVC dans l’hémisphère gauche, l’apraxie est présente chez un tiers des sujets. En pratique clinique, il est fréquent de détecter plusieurs types d’apraxies chez un même patient.

Une évaluation complexe de l’apraxie

Malgré la reconnaissance relativement simple de l’apraxie, il n’existe pas de méthode standardisée pour l’évaluer. Plusieurs méthodes d’analyse ont été développées mais elles ne sont pas toujours validées, sensibles ou facile à utiliser en clinique.

La plupart des efforts de recherche pour détecter les bases neurales de la praxie se sont appuyés sur la production et l’imitation soit de gestes non signifiants, soit de gestes à visée de communication, soit de pantomimes d’utilisation d’objets. Ils ont permis d’observer que certains patients avec lésion du corps calleux présentent une apraxie de la main gauche seulement, et que les patients avec AVC sur l’hémisphère gauche ont davantage de difficultés dans les exercices de pantomime et avec l’utilisation d’outils et moins de difficultés avec les gestes non signifiants ou d’imitation.

D’autres études indiquent que les patients atteints de lésions cérébrales gauches éprouvent des difficultés à utiliser les outils, mais que leurs connaissances sur la fonction et les gestes sont intactes, alors que les patients atteints de la maladie d’Alzheimer présentent des déficits fonctionnels et gestuels, mais leur utilisation des outils est préservée. On le voit, les mouvements de praxie sont complexes, impliquant différents aspects de la cognition et du mouvement, si bien que plusieurs régions du cerveau pourraient être impliquées (cortex prémoteur gauche, zones préfrontales, temporales moyennes et pariétales).

La stimulation cérébrale non invasive en perspective

À ce jour, il n’existe pas de traitement normalisé de l’apraxie. Chez les patients atteints d’AVC, la prise en charge repose sur une rééducation fonctionnelle à une série de gestes et à l’utilisation d’objets.

La stimulation cérébrale non invasive semble être une technique prometteuse qu’il est possible d’associer à cette rééducation fonctionnelle. Les deux techniques les plus utilisées sont les stimulations transcrânienne magnétique (TMS) et celles à courant continu (tDCS). Elles sont bien tolérées et sans risque pour le patient. Elles modulent l’excitabilité cérébrale (activation ou inhibition) et sa plasticité, et leurs effets sont persistants. Leur utilisation s’est jusqu’à présent limitée au traitement des maladies neurodégénératives et parfois à l’apraxie liée au syndrome cortico-basal. Pour le traitement de l’apraxie, des travaux sont encore nécessaires pour étudier les zones du cerveau les plus pertinentes à activer.

Apraxia : Review and Update. Jung E Park. J. Clin. Neurol. 2017 ;13(4) :317-324.