Syndrome de l’Intestin Irritable : Quelles recommandations alimentaires ?

La British Dietetic Association vient de mettre à jour ses recommandations alimentaires à destination des sujets souffrant de Syndrome de l’Intestin Irritable, en intégrant les dernières données scientifiques.

Le Syndrome de l’Intestin Irritable chez l’adulte concerne 7 à 21 % des sujets.

Ce trouble fonctionnel chronique, caractérisé par des douleurs abdominales associées à des diarrhées et/ou de la constipation, est handicapant, mais ne cause ni inflammation, ni altération de la muqueuse intestinale, contrairement à la rectocolite hémorragique ou la maladie de Crohn. Parmi les facteurs déclenchants, l’alimentation est fréquemment citée par les sujets qui en souffrent. Deux tiers d’entre eux ont d’ailleurs tendance à se mettre à la diète pour réduire leurs symptômes. 

Depuis les premières recommandations alimentaires de la British Dietetic Association destinées à ces patients (2012), les données scientifiques ont beaucoup évolué, notamment sur les facteurs alimentaires déclenchant ces troubles et leur gestion par l’alimentation. L’Association a donc décidé de mettre à jour ses recommandations et de publier les données scientifiques sur lesquelles elle s’est appuyée.

Après un important travail de bibliographie, 86 publications scientifiques ont été retenues à partir desquelles 46 preuves scientifiques ont servi à formuler les 15 recommandations qui suivent : 

  • Alcool : évaluer les apports et être attentif aux signes de consommation massive (Binge drinking) ;
  • Caféine : les preuves sont insuffisantes pour l’associer au déclenchement de symptômes. On peut cependant évaluer les apports et les réduire s’ils sont suivis de symptômes ;
  • Aliments épicés : s’ils sont associés à des symptômes, vérifier qu’ils ne sont pas accompagnés d’autres aliments pouvant contribuer aux symptômes (FODMAPs dans les oignons et ail), et réduire les apports ; 
  • Aliments gras : s’ils sont associés à des symptômes durant ou après le repas, s’assurer qu’ils ne sont pas supérieurs aux apports nutritionnels conseillés ;
  • Habitudes alimentaires : peu de preuve de leur implication, mais les chercheurs recommandent de manger à heures régulières, en prenant son temps, assis, de bien mâcher et d’éviter de diner tard ;
  • Laits et Produits laitiers

– Chez les sujets suspectés de présenter une sensibilité au lait mais sans test respiratoire prouvant l’intolérance au lactose, tester un régime pauvre en lactose ;
– Chez les sujets intolérants au lactose (test respiratoire à l’appui) recommander un régime pauvre en lactose. En dehors de ces 2 cas, les symptômes ne sont que très légèrement améliorés au regard du risque de carence en calcium encouru ;
    

  • Fibres
    – La supplémentation au son de blé n’est pas recommandée ; 
    – Chez les sujets avec constipation, privilégier les féculents complets et proposer 2 c-à-s par jour de graines de lin pendant 3 mois;
  • FODMAPs
    – Réduire les sources alimentaires de FODMAPs (sucres fermentescibles) pendant 3 à 6 semaines et stopper après 4 semaines si aucune amélioration n’est notée ;
    – Une réintroduction progressivement et individuelle des aliments contenant des FODMAPs et qui sont bien tolérés, est nécessaire pour éviter une  carence en calcium et un appauvrissement du microbiote ;
  • Gluten : aucune recommandation ne peut être faite. Cependant, si le sujet souhaite suivre un régime sans gluten, l’informer qu’il n’est pas clairement prouvé qu’il aggrave les symptômes. L’effet des régimes sans-gluten est souvent lié à leur pauvreté en FODMAPs;
  • Probiotiques : si le sujet souhaite prendre des probiotiques, il doit être informé de la présence, dans certains produits, d’ingrédients susceptibles d’aggraver les symptômes (fibres, avoine, FODMAPs comme les FOS, inuline, lactose, fructose, sorbitol et xylitol). Les preuves manquent quant à leur effet bénéfique mais ils sont sans effet secondaire défavorable.
  • Régimes d’éviction et hypersensibilité à des aliments : le seul régime approprié est celui pauvre en aliments contenant des FODMAPs. 

Note : les FODMAPs sont présents dans le blé, le seigle, l’orge, les alliacés, la betterave rouge  l’artichaut, la pastèque, le fenouil, les légumineuses, le lait et produits dérivés, les pommes, poires, mangues, cerises asperges, miel, nectarines, pêches, champignons, choux fleur, chewing-gum… 

British Dietetic Association systematic review and evidence-based practice guidelines for the dietary management of irritable bowel syndrome in adults (2016 update). McKenzie YA et coll. J Hum Nutr Diet. 2016 Oct;29(5):549-75. http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jhn.12385/abstract