Sujets âgés fragiles et sédentaires

Maintenir les capacités physiques nécessite plus de 1,2 g de protéines/kg/jour

Chez les sujets âgés fragiles, un apport protidique suffisant est essentiel. Une équipe toulousaine a évalué à 1,2g/kg/jour les besoins nécessaires pour assurer les meilleures capacités physiques de sujets sédentaires.

 

La fragilité chez le sujet âgé est un état de déclin des capacités fonctionnelles, qui conduit à une augmentation du risque d’incapacités et de dépendance et par conséquent de mortalité. Une association entre l’apport protidique et le risque de fragilité a déjà été observée. Connaitre le besoin optimal en protéines pour ces sujets fragiles est essentiel pour prévenir la fonte musculaire et le déclin fonctionnel. Une équipe toulousaine s’est récemment penchée sur la question. Ses résultats sont publiés dans la revue française Cahiers de Nutrition et Diététique.

 

Une étude auprès de sujets âgés vivant à domicile

Les analyses ont été effectuées à partir des données de 124 sujets de 82 ans en moyenne vivant à leur domicile et venus en hospitalisation de jour pour une évaluation de leur fragilité. Leurs apports alimentaires ont été évalués sur les trois derniers mois (temps des repas, aliments consommés et portions). Leur IMC a été calculé et leurs capacités physiques évaluées d’après la vitesse de marche sur 4 mètres et le SPPB (nombre de levers de chaise en 30 secondes, vitesse de marche et équilibre).

Une grande majorité de sujets fragiles, sédentaires et en surpoids

Une large proportion des sujets était fragile (35%) ou pré-fragile (48%) selon la classification de Fried. Une diminution des capacités physiques était constatée avec une vitesse de marche de 0,9m/s et un SPPB de 6/12 en moyenne. Les sujets présentaient 6 comorbidités en moyenne et un nombre équivalent de traitements médicamenteux. Environ 30% des sujets avaient un apport protidique <1g/kg/j et 28% un apport entre 1 et 1,2g/kg/j soit au total 57% des sujets avec un apport protidique <1,2g/kg/j. Plus de 50% des sujets étaient sédentaires (<2h d’activité physique d’intensité légère/semaine) et 59% avaient un surpoids ou une obésité.

Les sujets ayant de faibles apports en protéines (<1g/kg/j) consommaient plus de médicaments et étaient plus souvent obèses (51% avec un IMC>30) que ceux qui consommaient plus de 1g/kg/jour (10% d’obèses). Les capacités physiques étaient associées aux apports protéiques mais uniquement chez les sujets sédentaires : un apport > 1,2g de protéines/kg/jour était associé à une vitesse de marche plus élevée de 0,15 m/sec et près de 2 points de plus au SPPB. Chez les sujets plus actifs, aucune association n’était retrouvée. Les auteurs supposent que la pratique d’une activité physique régulière est le déterminant majeur des performances physiques et que la nutrition joue alors un rôle secondaire dans l’association. Enfin, en pratique clinique, les besoins sont souvent adaptés pour le sujet en surpoids ou obèses (lorsqu’on ne connait pas leur masse maigre) avec le calcul d’un poids corrigé. Dans cette étude, l’application d’un poids corrigé conduisait à une sous-estimation des besoins protidiques.

 

Ce qu’il faut retenir

  • La sédentarité et la faible consommation de protéines sont fréquentes chez les sujets âgés fragiles.
  • Un apport > 1,2 g/kg/j est associé à de meilleures capacités physiques.
  • Un apport minimal de 60 g de protéines par jour est à appliquer pour les sujets de faible poids.
  • Chez les sujets dont l’IMC dépasse 25, l’application d’un poids corrigé n’est pas pertinente.

 

Apports protidiques et capacités physiques chez les sujets âgés fragiles. Gaëlle Soriano, Florence Rossi, Sandrine Sourdet. Cahiers de Nutrition et de Diététique, Volume 54, Issue 1, March 2019, Pages 61-68. https://doi.org/10.1016/j.cnd.2018.09.006