Diagonale des Fous 2016 : Morgane raconte

« Une aventure qui me fait désormais encore plus aimer la vie ! »

Morgane, grande gagnante du Challenge Nutrisens Sport a réussi son objectif : atteindre la ligne d’arrivée de La Diagonale des Fous 2016 ! Quelques jours seulement après son retour, elle revient sur son expérience et nous raconte cette légendaire course de l’intérieur…

« Avant course : Excitée, mais trop de stress pour profiter de l’ambiance »

Mes sacs d’assistance sont prêts, j’ai le parcours en tête, je sais que physiquement je peux y arriver, et pourtant quelle anxiété… Mon plus gros point faible n’est-il pas cette incapacité à bien gérer mon stress justement ? Je ressens tout de même l’ambiance de fête qui anime La Réunion et je retrouve avec joie Nico. Les encouragements et l’admiration de nos hôtes réunionnais me rendent fière de prendre le départ de cette course mythique !

La veille du départ à Saint Pierre, récupération des dossards

Ces satisfactions ne parviennent pourtant pas à m’apaiser et ma nuit avant course est horrible … tout comme les 2H45 d’attente dans le sas de départ qui paraissent interminables ! Heureusement, je suis avec Nico et Julien, on se serre les coudes.

Jeudi 20 octobre, 22h : le départ ! Libérée, heureuse, je savoure !

Entrée dans le sas de départ, Saint Pierre, Jeudi 20 Octobre 2016, 19H

Quelle ambiance de « fous » !!!

Durant 10 kilomètres, nous sommes encouragés par la foule, la musique, nos prénoms -inscrits sur les dossards- sont scandés, je n’ai jamais vu une telle ambiance ! Mon stress est totalement évacué, je savoure ce beau moment… je ne me pose plus de questions. Je trouve ma propre cadence à travers les champs de canne… je me sens bien !

Plaine des Cafres, descente de Kerveguen, Cilaos (Km 60) : sereine.

Cette première nuit se passe bien. Même si je suis coincée 1H à partir du Km 14 dans un bouchon de coureurs alors que le sentier se rétrécit, cela me permet de discuter avec quelques fous contrariés de cette attente : c’est moi qui suis la plus zen cette fois-ci !
Une contracture au mollet apparaît pourtant au 50ème kilomètre. Cette douleur ne me lâchera plus jusqu’à l’arrivée, pourtant je l’accepte et à aucun moment je ne m’en inquiète : c’est ma tête qui commande désormais.

J’arrive à Cilaos en fin de matinée, où j’ai le plaisir de retrouver Fred. Il m’attend avec mon sac d’assistance et je suis soignée comme une reine. Je me change, déjeune et m’allonge 10 minutes. Je ne le reverrai plus avant le lendemain matin, un peu dur de repartir mais le 1er tiers est fait.

Vendredi 21 octobre, 10H

Cirque de Mafate : entrée dans l’inconnu !

Il fait très chaud sur la montée du Taïbit, je suis lente, mais grimpe régulièrement. Je discute longuement avec un réunionnais d’une trentaine d’années qui en est à sa 6ème édition ! Je comprends mieux le lien entre la Diagonale et les réunionnais, amoureux de leur île et des efforts à fournir pour se l’approprier.
Je veux avancer un maximum tant qu’il fait jour. Ma pause programmée est à Sentier
Scout où je veux dormir avant l’ascension du Maïdo. L’acide lactique accumulé dans les jambes m’empêche de fermer l’oeil ! Je repars un peu contrariée…

Les paysages de Mafate de nuit sont étranges, presque surnaturels parfois ! On croise tout si loin de toute habitation: des participants qui tentent de dormir au bord du chemin, des rats, des réunionnais qui campent ou pique-niquent autour d’un feu … et même Zinzin que je retrouve après plus de 24H de course !

Cette 2ème nuit dehors est la véritable entrée dans l’inconnu : tous les coureurs sont dans le rouge, chacun va puiser au plus profond de ses réserves et de sa volonté.
Je ne suis pas en course, mais au coeur d’une expérience mystique où je me sens mise à nu, dépouillée de tout artifice, dans une nature sublime: chaque rencontre prend de l’importance, je suis hypersensible à ce qui m’entoure et à mes émotions.

Sortie de Mafate au lever du soleil : émerveillée.

Je me souviens à peine de la montée du Maïdo qui m’a pourtant semblée interminable. Au lever du soleil, j’atteins enfin le sommet: c’est beau, Fred m’attend. Apaisée, je dors enfin 20 minutes après 3 nuits sans sommeil. La descente le long de la crête de Mafate est superbe, et je trottine malgré des douleurs articulaires et ma jambe gauche qui me lance toujours. Nous sommes au Km120. Fred m’attendra à chaque ravitaillement désormais. J’aperçois au loin la mer, annonciatrice de l’arrivée.

Samedi 22 octobre, 6H30

Fin de course : entre espoirs et douleurs

Elle sera interminable cette dernière journée ! Je n’ai plus de mobilité dans les articulations : je suis obligée de marcher dans les descentes techniques, tandis qu’en montée j’arrive à garder une certaine cadence. La chaleur est accablante.

A 20 kilomètres de l’arrivée, je sais que je peux boucler cette course en moins de 48H et je m’autorise donc une nouvelle sieste d’une demi-heure sous la surveillance de Fred.

Cette heure de pause me fait vraiment du bien, et sur la dernière montée du Colorado, j’accélère, avec pour la première fois depuis le départ la sensation « d’attaquer » un peu ! Pourtant, l’ultime descente, très technique, est horrible. J’ai l’impression d’avoir 90 ans, aucune mobilité dans les hanches et je dois m’aider des mains pour passer les obstacles.

Pour la 1ère fois, les nombreuses ampoules que j’ai sur les pieds me font souffrir à chaque pas, alors que je ne les sentais pas jusqu’alors.

Je pleure de douleur à chaque foulée. Je m’autorise à craquer car, même en rampant, je l’atteindrai ce stade !

Arrivée et fin de l’aventure : émotion, satisfaction et plénitude.

Samedi 22 Octobre, 21H, Saint Denis

Quelle émotion à l’arrivée ! Fred est là, je suis tellement heureuse, c’est indescriptible ! Je suis sur un petit nuage.

Après 8h de sommeil, la lecture de mes tonnes de messages d’encouragement me touche tellement ! J’ai vécu un concentré d’émotions intenses partagées avec des inconnus, des bénévoles d’une générosité incroyable, mais aussi mon mari, mes amis, ma famille à distance, avec la team du Challenge (François D’Haene, Christophe Petagna, Gregoire Ferre, Marine Berthaud) et à Nutrisens.

Une aventure qui me fait désormais encore plus aimer la vie !