L’effet de différentes interventions nutritionnelles pour prévenir et traiter la dénutrition chez des patients admis en réadaptation

La recherche de la dénutrition a largement été investie dans les hôpitaux et, plus récemment, au sein des EHPAD, mais peu d’attention a été accordée aux patients en réadaptation malgré une demande croissante pour ce type de soins de santé. La prévalence de la malnutrition dans le cadre de la réadaptation est estimée entre 30 et 50 %, avec des personnes âgées à risque de dénutrition élevé. Une revue systématique a cherché à mettre en évidence l’effet de différentes interventions nutritionnelles sur l’état nutritionnel et fonctionnel de patients en réadaptation. La phase de réadaptation correspond à des soins cliniques dont le but principal est d’améliorer les fonctions d’un patient présentant une déficience ou une restriction d’activité en raison de son état ​​de santé (fracture de la hanche, incident cardiovasculaire, bronchopneumopathie chronique obstructive…).

L'effet de différentes interventions nutritionnelles pour prévenir et traiter la dénutrition chez des patients admis en réadaptation : une revue systématique avec méta-analyseUne étude récente a constaté que la dénutrition chez les personnes âgées admises en centres de  réadaptation a un effet négatif sur la récupération et la qualité de vie au moment du retour à domicile, les sujets étant plus susceptibles d’avoir recours à des soins de santé pouvant conduire jusqu’à une hospitalisation (Marshall et al., 2014). Des stratégies doivent ainsi être mises en place durant la période de réadaptation dans le but d’éviter le déclin de l’état de santé des patients âgés.

Afin de mettre en évidence l’intérêt de différentes interventions nutritionnelles durant la phase de réadaptation, cinq bases de données ont été interrogées. A partir de 1765 publications, 10 études ont été sélectionnées pour leurs essais d’intervention de nutrition orale menés chez des patients âgés de 65 à 83 ans pour la plupart fragiles, dénutris ou à risque de dénutrition, admis en réadaptation. Au sein de ces études plusieurs types d’interventions nutritionnelles ont été testés : utilisation de compléments nutritionnels oraux (CNO), alimentation enrichie, suivi nutritionnel individuel, environnement alimentaire amélioré. Au sein de chaque étude, différentes données ont été recueillies : déclaration de l’apport alimentaire (énergie, protéines), mesures anthropométriques (poids, IMC, plis cutanés au-niveau du triceps…), biochimiques (taux d’albumine et pré-albumine), capacités physiques et fonctionnelles et durée du séjour.

Trois études ont ainsi démontré des preuves convaincantes concernant le rôle des CNO pour augmenter de manière significative l’apport énergétique et protéique, mais également améliorer les données anthropométriques, les données fonctionnelles et la durée du séjour chez des patients âgés admis en réadaptation.

Cette revue a donc mis en évidence que l’utilisation de CNO entre les repas peut permettre d’améliorer la prise alimentaire et protéique chez des patients en réadaptation avec entre 350 et 600 kcal consommés en plus par jour. Précédemment, des revues et méta-analyses avaient également démontré une amélioration du poids, des fonctions physiques, des taux de mortalité, morbidité et durée du séjour grâce aux CNO (Potter et al. 1998, Stratton et al. 2003, Babineau et al. 2008, Milne et al. 2009).

Une alimentation enrichie est également une stratégie intéressante car elle permet également d’améliorer la prise énergétique et protéique avec près de 324 kcal et 9,1 g de protéines consommés en plus par jour en comparaison à une alimentation standard.

Par ailleurs, il a également été démontré que la mise en place d’une évaluation nutritionnelle à l’entrée et un suivi nutritionnel individuel améliore sensiblement l’apport alimentaire chez les patients.

L’utilisation de CNO et un enrichissement des repas principaux chez des patients âgés admis en réadaptation peuvent ainsi être des stratégies efficaces pour prévenir ou traiter la dénutrition.  Cependant, afin d’approfondir ces résultats et permettre ainsi de formuler des recommandations pour la pratique clinique, d’autres études devraient être menées concernant spécifiquement cette phase de soins.

Source : J. Collins & J. Porter. The effect of interventions to prevent and treat malnutrition in patients admitted for rehabilitation: a systematic review with meta-analysis. Journal of Human Nutrition and Dietetics ; 2014 May 9 ; doi: 10.1111/jhn.12230.

Lien utile : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24811842