Compléments nutritionnels oraux : la dégustation préalable favorise un meilleur état nutritionnel

A l’occasion des Journées Francophones de Nutrition, Florence Rossi Pacini est intervenue sur l’observance de la prise des compléments nutritionnels oraux en service de gériatrie. Elle a présenté les données d’une étude évaluant l’efficacité d’une stratégie de choix des produits par dégustation préalable.

La dénutrition touche jusqu’à 70% des patients en service de gériatrie. L’efficacité clinique des compléments nutritionnels oraux (CNO) est largement démontrée chez les sujets âgés dénutris, à condition qu’ils soient bien consommés, ce qui n’est pas toujours le cas (anorexie, aversions, lassitude…). On sait aussi que respecter les préférences des patients semble essentiel pour améliorer l’adhésion au traitement.

Goûter le CNO avant de le choisir facilite-t-il sa consommation ultérieure ?

Pour le savoir, Florence Rossi Pacini et ses collaborateurs ont réalisé une étude comparant l’observance de la prise de CNO chez des sujets âgés dénutris selon 2 modalités de prescription : préférences/aversions affichées oralement (G1) ou choix éclairé après dégustation d’une sélection de produits (G2).

Il s’agissait aussi de comparer entre G1 et G2, l’évolution du statut nutritionnel des sujets au cours du séjour hospitalier et 3 mois après la sortie de l’hôpital.

L’étude (prospective, randomisée, contrôlée, en groupes parallèles), a inclus des 170 patients hospitalisés (G1, n=86 et G2, n=84) dans 2 services de court séjour de gériatrie, nécessitant tous une prescription de CNO.

Un diététicien a évalué les prises alimentaires (CNO compris) quotidiennes et a déterminé l’adhésion thérapeutique du sujet par le ratio entre la quantité de CNO réellement consommée et la quantité prescrite. D’autres paramètres ont également été recueillis comme le poids, l’appétit (échelle visuelle analogique), l’albumine et la transthyrétine. Le statut nutritionnel a été réévalué à domicile, 3 mois après la sortie.

Des résultats sur l’état nutritionnel à long terme

Les 2 groupes étaient comparables en âge (86,3±6 vs 86,2±6,2 ans), IMC (22,6±4.5 vs 22,5±4,7 kg/m²), perte de poids au cours des 6 derniers mois (10,7±8.2 vs 11,6±5,9 kg) et durée moyenne de séjour (13,8±9,4 vs 13,1±11,8 jours).

La consommation des CNO prescrits n’était pas influencée de façon significative par la stratégie de choix éclairé (G1 86,2 vs G2 84,2 %, ns). De même, les paramètres nutritionnels cliniques et biologiques s’amélioraient de façon comparable dans les 2 groupes.

Néanmoins, à 3 mois, chez les 102 sujets réévalués (60%), il existait une tendance en faveur de la stratégie du choix éclairé pour le poids, la consommation alimentaire et l’état nutritionnel (Mini Nutritional Assessment).

Florence Rossi Pacini conclut à l’impact positif très net de l’accompagnement du soin nutritionnel par un diététicien durant le séjour hospitalier comme à domicile.

La faisabilité d’une stratégie de prescription des CNO par choix éclairé en gériatrie est démontrée même si elle semble ne pas avoir d’influence significative sur l’observance à court terme chez des sujets dénutris de plus de 85 ans dont l’adhésion thérapeutique est déjà très bonne.

Toutefois, une tendance favorable se dégage sur l’évolution du statut nutritionnel à trois mois. Selon elle, l’impact de cette stratégie de prescription des CNO après choix éclairé pourrait être étudié sur des sujets plus jeunes (70-80 ans).

 

Observance de la prise des compléments nutritionnels oraux en service de gériatrie : une étude randomisée évaluant l’efficacité d’une stratégie de choix des produits par dégustation préalable. Communication de Florence Rossi Pacini. JFN Nantes 13-15 décembre 2017 www.lesjfn.fr