Quelle supplémentation nutritionnelle pour les sujets souffrant de BPCO ?

Le maintien d’un état nutritionnel satisfaisant fait partie des objectifs de prise en charge des sujets souffrant de BPCO, plus à risque de dénutrition.

Maladie encore trop peu considérée, la bronchopneumopathie chronique obstructive est une pathologie lentement progressive qui touche en France près de 3 millions de sujets. Les difficultés respiratoires qu’elle occasionne affectent non seulement les capacités physiques du sujet mais provoque aussi une perte d’appétit avec pour conséquence une réduction de ses apports énergétiques. Si bien qu’un tiers des sujets avec BPCO souffriraient de dénutrition. Une récente revue fait le point sur les différentes supplémentations nutritionnelles proposées aux patients et sur leurs atouts.

Quelle supplémentation nutritionnelle pour les sujets souffrant de BPCO ?

La supplémentation nutritionnelle a un impact favorable

La plupart des études réalisées rapportent qu’une supplémentation nutritionnelle favorise le gain de poids avec une augmentation de la masse maigre et de la masse grasse, améliore la force des muscles respiratoires, la performance physique et la qualité de vie des sujets avec BPCO et dénutris. Cependant d’autres défis que la dénutrition, se posent chez ces patients qui ont des difficultés à éliminer le CO2. La supplémentation nutritionnelle doit dans l’idéal réduire la production métabolique de CO2 et le quotient respiratoire, et améliorer la fonction pulmonaire.

Plusieurs nutriments à favoriser

Plusieurs formules de suppléments ont été testées et ont fait l’objet de publications. Celles-ci rapportent qu’une supplémentation contenant davantage de graisses que de glucides produirait moins de CO2 et induirait un quotient respiratoire inférieur à celui produit par un supplément plus riche en glucides. Cette formulation serait particulièrement utile chez les sujets avec hypercapnie et ceux souffrant d’essoufflement. La forte densité calorique des graisses sous un faible volume serait aussi un atout chez ces sujets dont l’appétit est très limité.
La présence d’oméga-3 dans les suppléments aurait également des bénéfices anti-inflammatoires intéressants chez ces patients à condition d’éviter les aliments riches en oméga-6. Les suppléments riches en acides aminés essentiels et en acides aminés branchés seraient particulièrement utiles en combinaison avec des exercices pour lutter contre la perte accélérée de masse maigre observée chez 30 % des sujets avec BPCO. Car la fonte musculaire accélère les dysfonctions respiratoires et les complications (inflammation, dénutrition, stress oxydatif). Les études rapportent une augmentation de la masse maigre, de la force musculaire, des effets bénéfiques sur le métabolisme énergétique musculaire, sur les fonctions cognitives et la qualité de vie après 12 semaines de supplémentation. Concernant les vitamines et minéraux, la vitamine D, dont ces patients sont fréquemment déficients aurait des effets bénéfiques sur la force des muscles proximaux et réduirait le risque d’aggravation des symptômes. Enfin, les vitamines antioxydantes (A, C, E), le sélénium, le calcium et le fer seraient associés à un volume expiratoire forcé supérieur.

Les auteurs de cette revue concluent que les preuves de l’utilité d’une complémentation nutritionnelle sur le poids, les masses maigre et grasse, le quotient respiratoire et les taux de CO2 sanguins sont suffisantes pour justifier leur prescription.

Nutritional supplementation in patients with chronic obstructive pulmonary disease. Meng-Jer Hsieh, Tsung-Ming Yang, Ying-Huang Tsai. Journal of the Formosan Medical Association (2016) 115, 595e601. En accès libre surhttp://dx.doi.org/10.1016/j.jfma.2015.10.008