Pour lutter contre la fragilité, 3 pistes nutritionnelles

La fragilité est un état réversible à condition de combiner trois stratégies nutritionnelles   

La fragilité est associée à un risque plus élevé de dépendance fonctionnelle, d’admission dans un hôpital ou un établissement de long séjour, et de décès. Il est important de pouvoir estimer sa prévalence car cet état, prédicteur de la mortalité, est, pour autant, réversible.

La nutrition, en particulier, serait une stratégie efficace d’intervention. Des chercheurs espagnols ont récemment fait le point sur l’association entre la fragilité et le statut nutritionnel et ont à cette occasion évalué l’impact des interventions nutritionnelles sur la réversibilité de cet état.

La revue de synthèse a été publiée dans Maturitas.

Le point sur les stratégies efficaces

Trente-deux études, incluant au total 50 056 participants (13 en Europe ; 5 au Canada, 8 aux USA, 4 en Asie, 2 en Australie) ont été identifiées. Elles rapportent que : 

•    La fragilité est associée au statut nutritionnel : 64% des sujets fragiles sont en état de malnutrition. La perte de poids qu’elle provoque conduit à l’apparition d’un épuisement, de faiblesse, d’un ralentissement de la vitesse de marche et d’une diminution de l’activité physique.

•    Les compléments nutritionnels oraux ralentissent le déclin fonctionnel des sujets fragiles. Combinés à un programme de rééducation physique, ils stabilisent le statut nutritionnel (IMC) et fonctionnel (force musculaire) et influencent positivement la qualité de vie. Une étude rapporte également une amélioration du métabolisme musculaire et de la capacité à utiliser les micronutriments. Mais leur observance doit être améliorée.

•    La fragilité aggrave l’effet de l’âge sur le métabolisme protéique (réduction de la masse musculaire et augmentation du catabolisme musculaire). La supplémentation protéique, chez les personnes fragiles à raison de 1.5g/kg/jour, combinée à des doses élevées de calcium (1000-1200 mg / jour) et de vitamine D (plus de 800 UI / jour), améliore la santé osseuse et musculaire et réduit le risque de chutes et de fractures. La question de la répartition des protéines sur les trois repas de la journée reste encore à explorer car les études sont discordantes sur ce sujet. Cette supplémentation doit impérativement être réalisée sur le long terme pour permettre une augmentation de la masse musculaire.

•    Combiner des exercices de résistance à l’apport protéique augmente l’effet anabolisant des protéines sur la synthèse protéique musculaire. Cet apport doit être fait dans l’heure qui suit l’exercice. S’il est donné 2 heures après l’entrainement, la synthèse musculaire n’est pas significativement modifiée.

•    De faibles taux sériques de vitamine D sont associés à un risque plus élevé de fragilité chez les hommes uniquement. Une supplémentation à hauteur de 700-1000 UI/jour augmente la masse et la force musculaires chez les sujets âgés et réduit leur risque de chutes. 


Les chercheurs concluent qu’un régime alimentaire riche en protéines, la correction des déficits en micronutriments, comme la vitamine D, et l’activité physique constituent des stratégies fondamentales du traitement de la fragilité.  
  
Artaza-Artabe I, Sáez-López P, Sánchez-Hernández N, Fernández-Gutierrez N, Malafarina V. The relationship between nutrition and frailty: Effects of protein intake, nutritional supplementation, vitamin D and exercise on muscle metabolism in the elderly. A systematic review. Maturitas. 2016 Nov;93:89-99. http://www.maturitas.org/article/S0378-5122(16)30081-0/abstract