Peut-on prévenir le déclin cognitif grâce à la consommation d’antioxydants ?

Le stress oxydant est défini comme un déséquilibre de la balance entre antioxydants et pro-oxydants (radicaux libres) et susceptible d’être impliqué dans l’apparition des maladies neurodégénératives liées à l’âge. Une consommation importante d’antioxydants peut-elle ralentir les effets néfastes des radicaux libres et prévenir le déclin cognitif ? Une étude de cohorte tente de répondre à cette question en évaluant l’impact de la consommation de différents antioxydants retrouvés dans notre alimentation (vitamines C et E, β-carotène, lutéine, flavonoïdes et lignanes) sur les fonctions cognitives de personnes d’âge moyen (55 ans).

Peut-on prévenir le déclin cognitif grâce à la consommation d’antioxydants ?L’étude a été menée entre 1995 et 2002, auprès de 2613 personnes âgées de 43 à 70 ans. Les consommations alimentaires habituelles des participants étaient évaluées sur un recul d’un an à partir d’un questionnaire semi-quantitatif. La consommation d’antioxydants a ensuite été évaluée d’après la base de données de composition des aliments allemande (pour les vitamines C et E, le β-carotène et la lutéine) et des résultats d’analyses de composition nutritionnelle des principaux contributeurs en flavonoïdes et lignanes. Les fonctions cognitives des participants étaient appréciées à l’aide de 4 tests (15 Words Learning Test », « Stroop Test », « Word Fluency test », et « Letter Digit Substitution Test ») visant à évaluer les fonctions cognitives globales, la mémoire, la vitesse et la flexibilité cognitive.Les résultats obtenus ont été ajustés selon différentes covariables telles que l’âge, le sexe, le niveau d’éducation, le niveau d’activité physique, la consommation de tabac ou l’historique médical du patient.

Les personnes qui présentaient les fonctions cognitives les plus faibles étaient plus âgées (57,2 ans vs 53,4 ans), plus souvent des hommes (55,5%). Il s’agissait de personnes moins instruites (48,7%) que les personnes ayant obtenues les scores les plus hauts.

Les apports alimentaires moyens des personnes présentant les fonctions cognitives les plus faibles étaient légèrement inférieurs en vitamine C, β-carotène, flavonoïdes et lignanes, comparativement au groupe possédant les fonctions cognitives les plus élevées.

Les résultats de cette étude ont montré qu’un apport élevé en lignanes (≈1350 mg/j) (retrouvés principalement dans les légumes comme le chou ainsi que les noix, graines, thé et café) était associé de façon linéaire à une plus faible diminution de la fonction cognitive globale (p=0,01), de la mémoire (p<0,01) et de la vitesse cognitive (p=0,05) comparativement à un apport faible (≈733 mg/j), avec un déclin environ deux fois plus faible.

Il n’a pas été observé d’associations linéaires entre la consommation des autres antioxydants et le déclin cognitif. Cependant, la mémoire des personnes présentant les plus faibles apports en vitamine E (8mg/j) diminuait environ deux fois plus que celle des personnes ayant un apport en vitamine E plus élevé (p<0,01).

La présente étude met ainsi en évidence que les apports alimentaires habituels en antioxydants ne sont que peu associés à une diminution du déclin cognitif chez des personnes d’âge moyen (contrairement à des études menées chez des personnes âgées). Seul l’apport en antioxydants de type lignanes était corrélé de façon linéaire avec une diminution du déclin cognitif. Néanmoins, de nouvelles études devront être menées afin d’éclaircir l’effet santé potentiel des lignanes en terme d’impact au niveau de l’évolution des fonctions cognitives avec l’âge.

Source : Nooyens et al. Diet and cognitive decline at middle age: the role of antioxidants. British Journal of Nutrition (2015), 113, 1410–1417.

Lien utile : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25851267