Déclin cognitif : et si quelques minutes d’activité physique par jour pouvaient retarder sa survenue ?

Selon une récente étude américaine, quelques minutes par jour d’activité physique modérée-à-vigoureuse pourraient retarder le déclin cognitif chez le sujet de plus de 69 ans.

Le déclin cognitif lié à l’avancée en âge et la prévention des pathologies neurodégénératives sont devenus un des grands enjeux de santé publique. Des études de plus en plus nombreuses suggèrent que l’activité physique pourrait influencer l’état de santé des personnes âgées mais aussi retarder le déclin cognitif et l’incidence des démences. Toutefois la plupart des études qui soutiennent ces hypothèses sont basées sur une évaluation subjective de l’activité physique puisque rapportée par les sujets et non mesurée. Pour consolider ces données, une équipe de recherche américaine a utilisé un accéléromètre pour mesurer l’activité physique de plus de 12 000 sujets de la cohorte REGARDS et a évalué son incidence sur leurs fonctions cognitives par le test Six Items Screener (SIS) et 4 autres tests d’identification du déclin cognitif (mémoire, orientation, aisance sémantique…).

Une sédentarité accrue chez les plus de 69 ans

A l’issue de l’étude, les données exploitables d’accéléromètre et de test Six items Screener étaient disponibles pour 6 452 participants de 69 ans en moyenne. Parmi eux, 55.3 % étaient des femmes et 30.5 % étaient d’origine afro-américaine. Les journées des sujets étaient la plupart du temps occupées par des activités sédentaires (77.1%) ou de légère intensité (21.4%) et rarement par des activités d’intensité modérée-à-vigoureuse (1.5%). Les sujets avec les activités modérées-à-vigoureuses étaient souvent des hommes, de type caucasien, jeunes, ayant fait des études, non-fumeurs, sans diabète ni hypertension, avec un IMC faible et sans hypertension. Ces sujets présentaient dès le départ de meilleurs scores aux tests de mémorisation, sémantique, orientation. Après un suivi de 3 ans, 346 cas de déclin cognitif ont été identifiés par le test SIS (206 chez des sujets de type caucasien et 137 cas chez les afro-américains). 

Quelques minutes d’activité modérée-à-vigoureuse suffisent

Après de multiples ajustements (sexe, origine ethnique, lieu de résidence, niveau d’étude, IMC, hypertension, tabagisme et diabète), l’impact de l’activité physique sur le déclin cognitif était perceptible même chez ceux qui n’avaient que 3 à 5 minutes d’activité modérée-à-vigoureuse par jour par rapport aux très sédentaires (0.5 minutes). Ils présentaient un risque de déclin cognitif réduit de 36 % et un meilleur maintien des fonctions exécutives et de la mémoire dans le temps. Quant à ceux qui en faisaient plus de 37 minutes par jour, ils réduisaient de 43 % ce risque. 
Les données étaient sensiblement les mêmes selon l’origine ethnique des sujets avec un effet plus marqué de l’activité physique sur le maintien de la mémorisation chez les sujets afro-américains et sur le maintien des fonctions exécutives chez les sujets de type caucasien.

Cette étude est la première à examiner une association dose-dépendante entre une activité physique objectivement mesurée et les fonctions cognitives d’un large échantillon de population âgée. Elle montre que même une activité physique modérée-à-vigoureuse de 4 minutes par jour, soit 28 minutes par semaine peut avoir un impact favorable sur le maintien des fonctions cognitives.

Objectively Measured Physical Activity and Cognitive Function in Older Adults. Zhu W, Wadley VG, Howard VJ, Hutto B, Blair SN, Hooker SP. Med Sci Sports Exerc. 2016 Aug 30 (sous presse) http://journals.lww.com/acsm-msse/pages/articleviewer.aspx?year=9000&issue=00000&article=97408&type=abstract