Un repas insuffisant en protéines peut-il nous pousser à surconsommer ?

Echos des Journées Francophones de Nutrition 2016

Un repas insuffisant en protéines peut-il nous pousser à surconsommer ?

Selon une étude française, la consommation d’aliments est guidée par leur composition en macronutriments et en particulier en protéines. 

Le contrôle de la consommation de protéines, qui représentent une composante du régime strictement indispensable à la survie, est un élément clé dans les processus de choix et d’ingestion alimentaire chez l’homme.

On ignore cependant les critères sur lesquels nous basons nos choix alimentaires pour assurer nos besoins protéiques. On sait cependant qu’un régime déficient en protéines conduit à une recherche inconsciente de protéines alimentaires. 

L’impact d’une restriction protéique sur le choix alimentaires est testé 

Une équipe de chercheurs français a cherché à identifier les critères implicites d’évaluation de la teneur en protéine des aliments en comparant les choix de sujets restreints en protéines aux mêmes sujets consommant les protéines à un niveau habituel. Pour cela, ils ont recruté 23 sujets sains âgés entre 18 et 35 ans (dont 13 femmes).

Leur  IMC était normal (entre 18 et 25 kg/m²) et ils ne suivaient pas de régime particulier.

Ils leur ont imposé deux régimes : un premier apportant 0,5g de protéine/kg/jour (déficient en protéines) et un second, 1,4 g/kg/jour (normoprotéique).

Les deux régimes fournissaient la même teneur en calories (la teneur en protéines était compensée par une variation de la teneur en lipides et en glucides).

Chaque période de régime durait 4 jours. Les périodes étaient séparées par 10 jours durant lesquels les sujets retrouvaient leur alimentation habituelle. A la fin de chaque régime, les sujets passaient un test de choix d’aliment préféré parmi des paires d’images d’aliments différant selon leur teneur en protéines, taille de portion, ou qualités sensorielles (total de 153 comparaisons).

Le score de préférence était estimé pour les différents aliments évalués (modèles de Bradley-Terry). L’effet du régime sur ces scores de préférence, ainsi que son interaction avec les qualités nutritionnelles et sensorielles des aliments, étaient étudiés. 

La restriction protéique pousse à consommer davantage 

L’analyse des tests de préférence révèle un effet significatif du régime sur les préférences alimentaires des sujets (p=0,0047). En particulier, le régime montre une interaction significative avec la taille de portion (p=0,0002). Et la taille de portion est un facteur puissant des préférences observées après le régime déficient en protéines. En revanche, la teneur en protéines des aliments choisis et leur goût salé ou sucré, ne sont pas corrélés au régime (p=0,11 et p=0,14, respectivement).

Pour les chercheurs, cette étude permet de mettre en évidence des modifications de préférences induites par une restriction de la consommation protéique, et ce dès 4 jours. Les sujets soumis à cette restriction semblent alors orienter leurs choix vers des tailles de portion plus importantes. Si une telle stratégie peut effectivement augmenter les apports protéiques, elle pose problème car induit en parallèle une surconsommation calorique.

Connaitre les mécanismes causant ces choix pourrait permettre d’orienter les consommateurs vers des aliments plus riches en protéines pour éviter ainsi le risque de surconsommation.

S. Fromentin, O. Davidenko, P. Barbillon, G. Fromentin, D. Tomé, N. Darcel (UMR PNCA, INRA AgroParisTech Université Paris-Saclay, UMR MIA, INRA AgroParisTech Université Paris-Saclay,
Paris, France) – Communication affichée – Journées Francophones de Nutrition – 30 nov-2 déc 2016 – Montpellier.