Post-chirurgie de l’obésité : les recommandations pratiques de l’EASO

La chirurgie bariatrique est aujourd’hui la thérapie à long terme la plus efficace pour la prise en charge des patients souffrant d’obésité sévère. Elle est en général sûre et efficace, mais peut avoir des conséquences cliniques. C’est pourquoi elle requiert une prise en charge particulière.

Un groupe de travail de l’European Association for the Study of Obesity (EASO) vient d’émettre des recommandations pratiques à destination des cliniciens chargés du suivi des patients en post-chirurgie. Le point sur les recommandations spécifiquement nutritionnelles.  

Des petits repas, une activité physique et des apports protéiques suffisants

Les modifications anatomiques et fonctionnelles du tractus gastro-intestinal produites par la chirurgie bariatrique nécessitent l’adaptation du comportement alimentaire des patients à leur nouvelle physiologie gastro-intestinale, sans quoi des problèmes nutritionnels et des symptômes spécifiques à la procédure peuvent survenir. 

L’ingestion d’aliments solides dans les premiers jours après la chirurgie est impossible. Le changement progressif de la consistance alimentaire pourra se faire dans les premières semaines postopératoires. A l’issue de la période post-opératoire, le patient devra faire trois petits repas par jour, privilégier les petits morceaux, bien mâcher et ne pas boire durant les repas.

Une activité physique régulière sera encouragée dès la récupération post-chirurgie : une activité aérobique modérée d’au minimum 150 minutes par semaine (objectif : 300 min/semaine), incluant des entraînements de résistance, 2 à 3 fois par semaine.

Les conseils nutritionnels viseront en particulier à assurer des apports protéiques suffisants au cours des premiers mois, en raison d’une intolérance digestive aux aliments riches en protéines et de la malabsorption des protéines liée à la chirurgie. Des cas de malnutrition protéique ont été rapportés après dérivation gastrique Roux-en-Y (13%) et dérivation bilio-pancréatique (3 à 18% selon les études). Un apport protéique minimal de 60g/jour et jusqu’à 1,5g/jour par kg de poids corporel est  recommandé (voire jusqu’à 2,1g/j/kg chez certains sujets). La prescription de compléments nutritionnels oraux riches en protéines (30g/jour) peut aider à atteindre ces besoins durant les premiers mois. La prévention de la malnutrition protéique implique une évaluation régulière des apports protéiques, l’encouragement de la consommation d’aliments riches en protéines (>60g/j) répartis sur plusieurs repas et la prescription de compléments protéiques.   

Régler les troubles digestifs

Les intolérances alimentaires, les reflux et vomissements tendent à régresser avec le temps et l’acquisition de nouveaux comportements alimentaires. Diarrhées et stéatorrhées peuvent être résolues en évitant les consommations de graisses et d’aliments riches en amidon. Le dumping syndrome peut être contrôlé en fractionnant les repas en petites portions, en évitant l’ingestion de liquide dans les 30 minutes entourant l’ingestion d’aliments solides, en évitant les sucres simples, en augmentant l’ingestion de fibres, de sucres complexes et de protéines. L’hypoglycémie réactionnelle lors des dumping tardifs peut être évitée par l’absorption d’un demi verre de jus d’orange 1 heure après le repas.     

Supplémenter en micronutriments 

Les déficiences en vitamines et minéraux sont fréquentes après chirurgie bariatrique. Elles concernent principalement le fer, la vitamine B12, la vitamine D et le calcium, les vitamines liposolubles A, E, K, les vitamines B1 et B6 et quelques minéraux (zinc, cuivre, sélénium, magnésium, potassium). La complémentation quotidienne en ces vitamines et minéraux est à adapter selon la procédure chirurgicale réalisée. Chez la femme enceinte, elle est essentielle. Une surveillance régulière des risques de déficiences est là encore, recommandée tous les 3 à 6 mois la première année puis une fois par an.   
 
Practical Recommendations of the Obesity Management Task Force of the European Association for the Study of Obesity for the Post-Bariatric Surgery Medical Management. Busetto L, Dicker D, Azran C, Batterham RL, Farpour-Lambert N, Fried M, Hjelmesæth J, Kinzl J, Leitner DR, Makaronidis JM, Schindler K, Toplak H, Yumuk V. Obes Facts. 2017 Dec 6;10(6):597-632. https://www.karger.com/Article/FullText/481825