Le « manger mains », une expérience positive en unité d’hébergement renforcée

Face aux problèmes nutritionnels de ses patients atteints de démences, l’UHR de Nancy a décidé de tester le « manger mains ». Une initiative réussie et qui a fait école.

Le Centre Hospitalier de Nancy accueille dans son unité d’hébergement renforcée (UHR) 16 patients atteints de maladie d’Alzheimer, de maladie à corps de Lewy ou de démence fronto-temporale. Les troubles comportementaux dont ils souffrent (opposition, déambulation, anxiété, apathie) rendent difficile la prise des repas. A ceux-ci s’ajoutent parfois des troubles de la déglutition, des troubles musculaires et une perte progressive d’autonomie. Si bien que leur apport nutritionnel est insuffisant.

Une initiative innovante 

Pour résoudre cette problématique, l’UHR de Nancy a pris l’initiative en septembre 2013 de mettre en place le « manger mains» un jour par semaine. L’objectif était de rendre de l’autonomie au patient (manger seul ses aliments, préserver le plaisir de se servir et de choisir la quantité), lui fournir un apport calorique adapté, répondre à ses problèmes de mastication et de déglutition, conserver la qualité gustative du repas et favoriser un climat calme et convivial. Une information pédagogique du personnel, des patients et de leurs proches s’est imposée pour faire tomber les préjugés sur cette façon de se nourrir (avec les doigts).

Quelques inconvénients à prendre en compte

Ces nouveaux plats nécessitent des matériels spécifiques (moules,…) et une adaptation des recettes aux nouveaux ingrédients pour obtenir la texture souhaitée, le bon assaisonnement et la composition nutritionnelle adéquate. Une collaboration étroite avec l’équipe de restauration est donc nécessaire. Les quantités servies étaient insuffisantes les premiers jours, à la surprise des soignants, car les patients redemandaient des mets. Un problème d’hygiène, malgré le lavage des mains avant le repas (nez qui coule, mains dans la bouche) persiste. Le réchauffage des plats sur place nécessite une adaptation des températures et des durées pour ne pas dégrader les mets.

De multiples avantages

L’aide au repas n’est pratiquement plus nécessaire. Les soignants sont plus disponibles pour aider les patients moins autonomes. Les relations entre soignants et patients sont améliorées. Le repas est calme, sans déambulation, ni opposition, ni cri, contrairement aux autres jours de la semaine. Les vêtements ne sont plus salis, quelques essuyages des mains entre les bouchées sont parfois nécessaires (en cas d’hyperphagie). La quantité calorique ingérée est satisfaisante. Les mets sont goûteux, variés et appréciés (nombreux compliments des patients). Aucun trouble de déglutition n’est noté. Le manger main a aussi permis une réintroduction avec succès de petits aliments hachés chez les patients auparavant alimentés en texture mixée complète. 

Une expérience pertinente et positive

Le « manger mains » a permis une réduction des troubles du comportement des patients, un maintien de leur autonomie et une amélioration globale de leur qualité de vie. Si bien que ce concept a été étendu aux autres Unités de séjour de longue durée du CHRU, mais aussi à des Ehpad et autres centres hospitaliers après leur visite à l’UHR de Nancy.


Godart M-C, Marin C, Renkes J, Fabbro J. Le “manger mains” en unite d’hébergement renforcée. http://www.em-consulte.com/article/1122437/