Usage des compléments nutritionnels oraux en Ehpad

Si la prescription de CNO en Ehpad permet d’améliorer le statut nutritionnel des résidents dénutris, des ajustements semblent nécessaires au niveau de la mise en place du diagnostic de dénutrition et de la cohérence entre la prescription de CNO et leur administration.

Les personnes vivant en maison de retraite ou en établissement de soins de longue durée sont particulièrement touchées par la dénutrition. Selon une méta-analyse récente, entre 17 et 29 % de ces résidents seraient dénutris au vu du score obtenu au Mini Nutritional Assessment (MNA) et près de 50 % seraient à risque de dénutrition. Une étude transversale réalisée dans un Ehpad français examine l’usage des compléments nutritionnels oraux (CNO) auprès des 185 résidents.

Un diagnostic de dénutrition insuffisamment recherché

Au sein de l’ensemble des résidents, 33 (18 %) bénéficient d’une prescription de CNO, depuis en moyenne 374 jours, parmi lesquels 12 bénéficiaient déjà d’une prescription avant leur date d’entrée en institution. Les auteurs mettent en lumière le fait que le diagnostic de dénutrition semble insuffisamment recherché avant l’initiation des CNO. En effet, les 4 critères utiles au diagnostic (albuminémie, évolution du poids, Indice de Masse Corporelle et score MNA) ne sont renseignés que dans 43 % des cas avant l’initiation.

Si plus de 71 % des résidents sous prescription CNO étaient en état de dénutrition modérée ou sévère avant l’initiation des CNO, ils ne sont plus que 42 % au moment de l’étude.

Des écarts importants entre la prescription et l’administration des CNO

Les résultats montrent un écart important entre les prescriptions médicales et l’administration effective des CNO. En effet, les CNO sont administrés uniquement en fonction de la prescription de la diététicienne de l’établissement qui diverge de celle du médecin dans la majorité des cas. Ainsi, 58 % des personnes concernées reçoivent un CNO différent de celui prescrit pas le médecin. Pour 21 % c’est le nombre d’unités reçues quotidiennement qui diffère.
Enfin, 14 % des personnes ayant une prescription de CNO n’en reçoivent pas.


Parmi les résidents recevant bien des CNO, près de 80 % ingèrent la totalité des doses prescrites. Au contraire, 4 % ne les consomment pas du tout, soit parce qu’ils ont un trop faible appétit, soit pour des raisons gustatives.


En conclusion, cette étude met en évidence le fait que l’utilisation de CNO chez les résidents initialement dénutris permet une amélioration du statut nutritionnel dans 60 % des cas. Les auteurs soulignent l’importance de mettre en place une meilleure collaboration entre les médecins, diététiciens, pharmaciens et les autres personnels de l’établissement afin de mieux dépister et prendre en charge la dénutrition, de remédier aux divergences de prescription et aussi de mieux adapter les horaires de distribution des CNO.

Référence :

DURAND, A. MELET, L. ROY, N. « et col. » Le bon usage des compléments nutritionnels oraux dans un Ehpad français. Soins Gérontologiques, 2023, 28, 159, p. 21-25, doi: 10.1016/j.sger.2022.12.009