Maladie d’Alzheimer : statut nutritionnel et déclin cognitif sont liés

Les indicateurs nutritionnels se dégradent avec l’évolution de la maladie d’Alzheimer.

Maladie neurodégénérative, la pathologie d’Alzheimer conduit à des limitations progressives dans les activités quotidiennes. Mais a-t-elle un effet sur l’état nutritionnel du sujet ? Et ceci impact-il le degré de sévérité de la maladie ? Peu de travaux s’intéressent à ces questions. Des chercheurs brésiliens ont comblé ce manque et ont publié leurs résultats dans le Nutricion Hospitalaria.

Une analyse précise du stade d’évolution de la maladie

Les données de 43 patients de plus de 65 ans diagnostiqués pour une maladie d’Alzheimer ont été comparées à celles de sujets témoins, du même âge, niveaux éducatif et sociodémographique et sans déclin cognitif. L’évaluation de leurs capacités cognitives et neurologiques a été réalisée par plusieurs tests (MMSE1, mémorisation, interaction avec un animal, test de l’horloge), permettant de classer les individus selon le stade d’évolution de la maladie (léger, moyen, sévère). Un questionnaire permettait d’estimer leur activité physique et le statut nutritionnel des sujets était déterminé par le questionnaire MNA (Mini Nutritionnal Assessment) pour évaluer le risque de dénutrition, par des mesures anthropométriques2 et de l’impédance bioélectrique.

Un statut nutritionnel dégradé par la maladie

Comme attendu, les patients âgés atteints de la maladie d’Alzheimer présentent des performances cognitives plus faibles que les sujets témoins.

Mais ils ont aussi un poids plus faible (p = 0,017) et un indice de masse corporelle (IMC) plus faible (p = 0,006), ce qui les classe dans la catégorie des sujets maigres. Les mesures anthropométriques confirmées par celles par impédancemétrie indiquent une chute de leur masse maigre.

Ces sujets sont classés « à risque nutritionnel » comparés aux sujets témoins et montrent clairement une dénutrition protéique (p = 0,001). Les chercheurs relèvent aussi que les sujets avec Alzheimer sont beaucoup plus sédentaires que les sujets témoins (p = 0,040).

Enfin, les chercheurs rapportent que les sujets avec Alzheimer se plaignent plus souvent de perte d’appétit, de problèmes digestifs, de difficultés à mâcher et de problèmes de déglutition que les autres.

Une accélération aux stades les plus sévères

Au fur et à mesure que la démence progresse, les chercheurs notent une dégradation importante des indicateurs nutritionnels. Ainsi, les patients à un stade sévère présentent un poids, un IMC et un score MNA encore plus faibles que ceux des patients à un stade léger ou modéré, tandis que leur indice de masse adipeuse est parallèlement plus élevé.

Des corrélations qui méritent d’être investiguées

Les chercheurs remarquent plusieurs corrélations positives et significatives entre les performances cognitives, évaluées par les résultats aux différents tests et le poids, l’IMC, le tour de taille et l’épaisseur du pli cutané du triceps. Leurs travaux suggèrent donc une interaction entre les performances cognitives, l’état nutritionnel et les masses musculaire et grasse.

Les chercheurs supposent que le risque de dénutrition plus élevé chez les patients atteints d’Alzheimer est lié aux mécanismes pathophysiologiques de la maladie : besoins énergétiques augmentés, troubles de l’absorption, apports inadéquats et insuffisants.

A retenir :

  • Le risque de dénutrition s’accroit avec l’évolution de la maladie d’Alzheimer.
  • Les sujets avec les meilleures performances cognitives sont aussi ceux dont l’IMC, le poids et la masse maigre sont les plus élevés.

 

 

Alzheimer’s disease: nutritional status and cognitive aspects associated with disease severity. Santos TBND, Fonseca LC, Tedrus GMAS, Delbue JL. Nutr Hosp. 2018 Dec 3;35(6):1298-1304. doi: 10.20960/nh.2067. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30525842

1Mini-Mental State Examination

2taille (cm) ; poids (kg) ; indice de masse corporelle (IMC, kg/m2) ; tour de taille (cm) ; circonférence du mollet (cm) ; circonférence du bras (cm); pli sous-scapulaire (mm); épaisseur du pli cutané du triceps (mm) ; épaisseur du muscle adducteur du pouce (mm).