Le confinement en EHPAD a majoré la dénutrition

Le confinement mis en place pendant la crise du Covid-19 a été une période éprouvante pour nos ainés, perturbant leurs habitudes de vie mais aussi celles alimentaires. L’ARS de la Nouvelle Aquitaine a souhaité en connaitre les conséquences chez les résidents d’EHPAD.

L’ARS Nouvelle Aquitaine Limousin Nutrition a collecté les données nutritionnelles de 579 sujets vivant dans 9 EHPADs après le confinement de mars 2020 qu’elle a comparé aux données recueillies par les aides-soignants avant le confinement.

Des résidents à risque de forme sévère de Covid-19

Les résidents étaient à 73,7 % des femmes, 69,4 % étaient classifiés comme déments, 24,0 % nécessitaient une aide humaine pour les repas et 2,4 % une aide matérielle. Ils étaient âgés de 87,6±8,2 ans, leur niveau de dépendance (GIR) moyen était de 2,5±1,2, leur IMC moyen était de 27,3±5,6 avant confinement et de 27,0±5,8 après confinement.

Pas de Covid-19 mais un retentissement négatif sur l’état nutritionnel

Aucun EHPAD ne connaissait de décès de résident lié au COVID-19 durant la période d’évaluation. Dans 4 EHPADs, les conditions et contenus des repas ont été modifiés pendant le confinement : repas en chambres privilégiés, problèmes d’approvisionnement, utilisation de plats de remplacement modifiant l’équilibre alimentaire des résidents. Avec le confinement, la prévalence de la dénutrition sévère est passée de 3,4 % à 7,6 % et celle de la dénutrition de 7,6 % à 13,9 %. Les sujets de poids normal représentaient 35 % contre 39 % avant confinement, ceux en surpoids 17,4 % contre 20,8 % et ceux obèses 25,4 % contre 27 %. Ces évolutions étaient toutes statistiquement significatives sauf pour la dénutrition sévère.

Les modifications des habitudes sont défavorables

Malgré l’absence de mortalité par COVID-19, les résultats suggèrent un retentissement très négatif de la période de confinement sur l’état nutritionnel des personnes, avec un passage de 11,0 % de dénutrition + dénutrition sévère avant confinement à 19,7 % après. Cette dégradation peut être en rapport avec des modifications d’alimentation, mais plus probablement avec les perturbations importantes en termes de vie psychologique, d’organisation de la vie quotidienne et d’isolement par rapport aux familles.

D’après JC. Desport, C. Villemonteix, M. Boussageon, M. Guitard, L. Humbert, C. Ballussaud, C. Varrier, P. Fayemendy, P. Jesus.Evolution de l’état nutritionnel de 579 résidents de 9 établissments d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes (EHPAD) avant/après confinement. Nutrition Clinique et Métabolique 35 (2021) :20-74.