Des aliments enrichis en protéines augmentent les apports protéiques des sujets âgés vivant en institution

L’enrichissement en protéines des aliments familiers peuvent-ils aider dans la lutte contre la malnutrition des sujets âgés ? Des chercheurs l’ont expérimenté. Leurs résultats sont publiés dans la revue J Nutr Health Aging.

La lutte contre la malnutrition chez les sujets âgés se heurte à plusieurs freins, physiologiques et gustatifs.

Ajouter à leur menu des portions supplémentaires d’aliments ou des compléments nutritionnels oraux (CNO) riches en protéines, ne convient pas toujours à l’appétit et au goût des sujets âgés. Recherchant une solution alternative, des scientifiques de l’Université de Wageningen ont développé des versions enrichies en protéines de 4 aliments habituellement appréciés par les sujets âgés et faciles à consommer : du pain (peu cuit/très cuit), de la soupe (champignon, brocoli ou tomate), des jus de fruits (orange, pomme/framboise ou pomme/cassis) et de la purée de pomme de terre.

Vingt-deux sujets de 83 ans (en moyenne), résidant dans deux institutions, les ont testés durant 10 jours. L’objectif était d’évaluer l’efficacité de ces aliments à combler leurs besoins protéiques afin qu’ils atteignent 1.2g de protéines/kg de poids corporel/jour.

Des viandes, naturellement riches en protéines complétaient aussi le menu.

Une augmentation de 11.8 g de protéines par jour en 10 jours

Au décours de l’expérience, les consommations de pain et de jus de fruits enrichis en protéines ont augmenté tandis que celles de soupe sont restées stables.

La purée et les viandes étaient peu consommées, probablement en raison des multiples choix proposés aux résidents.

Concernant les apports protéiques, ils ont augmenté en moyenne de 11.8 g/jour entre le début et la fin de l’intervention, soit 0.18 g/kg de poids/jour tandis que ceux énergétiques, en graisses et en glucides n’ont pas varié.

Avant l’intervention, 19 sujets sur 22 avaient des apports protéiques de 0.8 g/kg/jour en moyenne dont 4 atteignaient 1.2 g/kg/jour. A la fin de l’expérimentation, les 22 sujets atteignaient 0.8 g/kg/jour et 9 sujets encore davantage avec 1.2 g/kg/jour.

Petit-déjeuner et snack de soirée sont à privilégier

Sur les 6 moments de prise alimentaire de la journée, c’est le diner qui permettait la plus grande consommation de protéines avec en moyenne 29 g de protéines. Mais ces quantités restaient stables entre le début et la fin de l’intervention.

En revanche, deux repas ont vu les quantités de protéines consommées augmenter entre le début et la fin de l’intervention : le petit-déjeuner, qui est passé de 12.2 à 16 g et le snack de la soirée, qui est passé de 2.6 à 4.8g. 

Cette intervention sur 10 jours montre que les apports en protéines des sujets âgés vivant en institution peuvent être augmentés efficacement avec l’aide de quelques produits enrichis en protéines.

Ceci peut leur permettre d’atteindre au moins 0.8g de protéines /kg de poids/ jour, voire davantage (1.2g/kg/j) pour certains d’entre eux.

La combinaison de plusieurs types de produits enrichis en protéines (pain, jus de fruits, soupe…) a plusieurs atouts : elle permet de multiplier les occasions de consommation, laisse le choix aux résidents et facilite le travail du personnel.

Cette alternative lève la contrainte des portions supplémentaires d’aliments ou des CNO à consommer et conduit à des apports protéiques équivalents voire supérieurs à ce qui est habituellement obtenu.

Enfin, le retour des participants sur les produits testés indique que le pain et les jus de fruits enrichis en protéines sont appréciés.

Protein Enrichment of Familiar Foods as an Innovative Strategy to Increase Protein Intake in Institutionalized Elderly. Beelen J, de Roos NM, de Groot LC. J Nutr Health Aging. 2017;21(2):173-179. doi: 10.1007/s12603-016-0733-y. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28112772