Améliorer l’appétit des sujets âgés hospitalisés doit être une priorité

Le manque d’appétit des patients âgés admis à l’hôpital est un véritable problème car il peut conduire à la malnutrition. Celle-ci prolonge la durée de séjour des patients et augmente leur risque de mortalité. Pour comprendre les raisons de ce manque d’appétit, des scientifiques Australiens ont questionné plusieurs patients âgés sur leurs repas pris à l’hôpital et leur ressenti. Les résultats de cette enquête viennent d’être publiés dans la revue Maturitas.

Des circonstances peu favorables

Vingt-six patients de plus de 65 ans admis en service de chirurgie ou pour des soins médicaux à l’hôpital de Brisbane ont été sélectionnés pour l’enquête en raison de leur manque d’appétit aux repas (<50% du repas consommé). L’interview de chaque patient s’est déroulée en face à face et durant 30 minutes.

Dans cet hôpital, les repas sont servis dans les chambres à 7h, 11h45 et 17h, choisis la veille par les patients et certaines composantes sont préparées sur place. 

Les arguments évoqués par les patients pour expliquer leur manque d’appétit durant ce séjour sont liés en partie aux circonstances de l’hospitalisation. Pour eux, leur baisse d’appétit était clairement prévisible. Ils évoquent également l’effet anorexigène des médicaments, des sensations de nausées ainsi que, pour certains, la volonté de jeûner pour aller mieux. Pour certains patients, les aliments ne sont pas prioritaires par rapport au traitement médical.

Nombreux sont ceux qui indiquent comme freins à une bonne alimentation, le fait de rester inactif durant leur séjour hospitalier, des problèmes de constipation et une forte baisse de moral. Certains disent aussi limiter leur alimentation et leurs apports hydriques pour éviter de devoir se lever et aller aux toilettes.

Enfin, certains patients évoquent avec nostalgie les repas « faits maison » et la présence de leurs amis et famille. 

Un fonctionnement hospitalier trop rigide 

Les sujets se plaignent de devoir s’adapter à plusieurs situations désagréables comme d’être interrompus au cours de leurs repas par des soins ou visites des médecins. D’autres disent ne pas avoir assez de temps pour terminer leur repas.

Le système des repas hospitaliers leur parait très rigide : ils doivent choisir parmi des plats qui ne leur plaisent pas, les portions leur paraissent trop importantes et les horaires des repas sont inadaptés. Autre motif souvent évoqué par les patients, le manque d’encouragement à manger et d’attention portés par les infirmières. 

Quelques sujets évoquent la qualité des repas et indiquent que les plats apportés par leurs visiteurs sont bien plus appétissants. Enfin, certains patients sont persuadés de manger suffisamment pour atteindre leurs besoins tandis que d’autres redoutent de gaspiller de la nourriture et préfèrent commander de petites quantités.

Cette étude révèle la complexité des facteurs conduisant les sujets âgés à manger moins lorsqu’ils sont hospitalisés. Si les circonstances de l’hospitalisation et la rigidité du fonctionnement hospitalier sont les principales causes évoquées, l’enquête révèle tout de même des pistes d’action pour améliorer l’alimentation des sujets.

Les chercheurs évoquent l’amélioration des connaissances nutritionnelles des sujets pour lutter contre les croyances d’un moindre besoin nutritionnel, l’enrichissement des menus pour réduire la taille des portions, les visites des familles durant les repas pour les encourager à manger, une réorganisation du temps des repas (pas d’interruption, plus de temps,…) ou encore l’accès à un choix de snacks appétissants à tout moment de la journée.

Pour les chercheurs, la priorité pour le personnel soignant serait de prendre conscience de l’importance de l’alimentation dans le rétablissement des sujets âgés hospitalisés.
   
Kelti Hope, Maree Ferguson, Dianne P. Reidlinger, Ekta Agarwal. “I don’t eat when I’m sick”: Older people’s food and mealtime experiences in hospital. Maturitas. March 2017 (97): 6-13. http://dx.doi.org/10.1016/j.maturitas.2016.12.001