Âge et troubles bucco-dentaires modifient la qualité de l’alimentation

A l’occasion du colloque ALIMASSENS, Valentina Andreeva et Claire Sulmont-Rossé ont expliqué comment les consommations alimentaires évoluent avec l’âge et avec la santé dentaire.

Avec l’avancée en âge, les douleurs en bouche, les pertes de dents et les problèmes de salivation sont plus fréquents. Or, la santé dentaire a clairement une influence sur les apports alimentaires : les fruits et légumes, les viandes et les fruits secs, difficiles à mâcher, sont parfois exclus de l’alimentation des personnes souffrant de problèmes dentaires.

Des habitudes alimentaires différentes selon l’âge

Valentina Andreeva et Claire Sulmont-Rossé ont profité de la cohorte Nutrinet-Santé pour interroger l’ensemble des Nutrinautes sur leur santé orale et les raisons qui les poussent à ne pas consommer certains aliments. Elles ont ensuite séparé les sujets selon leur âge : les 20-34 ans, les 35-49 ans, les 50-64 ans et les 65-79 ans. Les chercheuses ont pu noter qu’avec l’âge, les consommations de viandes et de desserts sucrés diminuent tandis que celles de poissons et de fruits crus augmentent. Ceci est en partie lié à l’effet de génération identifié par les travaux du Crédoc1 et qui rapporte que les anciennes générations achètent davantage de fruits et légumes que les jeunes générations. Mais pas seulement.

Des habitudes qui changent pour des raisons de santé et de goût

Un changement des habitudes alimentaires au fil des années pourrait être aussi impliqué comme le suggèrent les données de l’enquête Aupalesens chez des plus de 65 ans : 50 % des sujets âgés mangent plus de poisson que lorsqu’ils avaient 30-40 ans pour des raisons de santé (argument cité par 40 %) et parce qu’ils l’aiment davantage (50 %), et 75 % mangent moins de charcuteries pour des raisons de santé (73 %).

Des aliments exclus car « ce n’est pas bon pour moi »

Les raisons de non-consommation de certains aliments les plus citées par les Nutrinautes sont : « Je pense que ce n’est pas bon pour moi/ma santé ou que cela peut me faire grossir » et « Je n’aime pas ». Les plus âgés citent plus souvent « Je pense que ce n’est pas bon pour moi ou ma santé… » (26 % des 65-79 ans contre 23 % des 20-34 ans) tandis que les plus jeunes répondent davantage « Je n’aime pas » (18,6 % des 20-34 ans contre 17,8 % des 65-79 ans). Quant aux difficultés à mâcher ou à avaler, elles sont finalement très peu évoquées (par 0,5 % des 69-75 ans et 0,1 % des 20-34 ans).

La présence de troubles bucco-dentaires altère la qualité de l’alimentation

Lorsque la qualité de l’alimentation est croisée à la qualité de la santé orale (fonctionnelle, psychosociale et douleur), les données indiquent chez les 18-65 ans, que ceux qui ont une mauvaise satisfaction de leur santé orale ont un régime alimentaire qui respecte le moins le PNNS (Programme National Nutrition Santé). Chez les plus de 65 ans, il suffit que la satisfaction de leur santé orale soit « moyenne » (ce qui révèle déjà la présence de troubles bucco-dentaires) et pas encore estimée comme « mauvaise », pour que les sujets ne respectent pas les recommandations alimentaires du PNNS.

Valentina Andreeva et Claire Sulmont-Rossé concluent que si l’évolution des consommations alimentaires avec l’âge vont vers un meilleur respect des recommandations nutritionnelles, une altération même modérée de leur état bucco-dentaire peut faire basculer la qualité de leur régime.

 

Colloque ALIMASSENS – 26 septembre 2019 – Satisfaire les besoins et attentes des consommateurs vis-à-vis de leur alimentation. Focus sur les seniors https://anr.fr/fileadmin/documents/Programme-Colloque-AlimaSsens.pdf

 


1Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie