Le cancer des glandes salivaires à la loupe
Définition du cancer des glandes salivaires
Le cancer des glandes salivaires correspond au développement d’une tumeur maligne située au niveau des cellules de l’une des glandes salivaires. Il fait partie des cancers de la tête et du cou (tout comme le cancer de la bouche, le cancer de la langue ou encore le cancer de la gorge) et représente environ 5 % des cancers de cette catégorie. Les cancers des glandes salivaires sont des cancers peu fréquents. En France, pour l’année 2018, le nombre estimé de nouveaux cas de cancer des glandes salivaires était de 765 dont 437 chez les hommes et 328 chez les femmes.
Les glandes salivaires comprennent les glandes parotides, les glandes submandibulaires, les glandes sublinguales (cf. figure 1), ainsi que les glandes salivaires accessoires (ou glandes salivaires mineures) qui sont au nombre de 450 à 1 000 et se situent pour 90 % d’entre elles au niveau de la cavité buccale (palais, plancher de la bouche, etc.) et de l’oropharynx.

Près de 80 % de toutes les tumeurs des glandes salivaires se développent dans la glande parotide, mais environ 75 % d’entre elles sont bénignes. Les tumeurs survenant au niveau des glandes submandibulaires et sublinguales représentent respectivement 10 % et 1 % de l’ensemble des tumeurs des glandes salivaires, et sont, dans leur grande majorité, des tumeurs malignes. Les tumeurs situées au niveau des glandes salivaires accessoires sont, quant à elles, généralement de nature maligne. Selon la classification OMS, il existe au total 24 sous-types de tumeurs des glandes salivaires dont les deux tiers sont bénignes. Le carcinome mucoépidermoïde est le type le plus courant de cancer des glandes salivaires. On peut citer, parmi les autres types de tumeurs, le carcinome adénoïde kystique ou encore l’adénocarcinome. Cette diversité histologique rend assez complexe le diagnostic de la maladie.
Signes et symptômes d’un cancer des glandes salivaires
En fonction de la localisation de la tumeur, de sa taille et de son type histologique, les symptômes d’un cancer des glandes salivaires peuvent varier significativement. Par ailleurs, ces signes ne sont pas spécifiques d’un cancer ; ils peuvent aussi être présents en cas de tumeurs bénignes ou d’autres pathologies.
Un des premiers symptômes est couramment la présence d’une masse en forme de boule. Ce gonflement est souvent indolore. Il peut être situé au niveau de la mâchoire, des joues, de la bouche ou encore du cou. La tumeur des glandes salivaires peut ensuite devenir douloureuse et cette douleur peut être exacerbée avec la prise alimentaire.
Parmi les autres symptômes qui peuvent apparaître, on peut citer un engourdissement ou une perte de sensibilité d’une partie du visage, une faiblesse musculaire d’un côté du visage, un déficit d’ouverture buccale (aussi appelé trismus), une difficulté à avaler (dysphagie), une difficulté à fermer un œil ou un larmoiement de l’œil, un changement de la vision, une obstruction ou une congestion nasale, une modification de la voix ou encore la présence de sang dans la salive.
A noter que la glande parotide est traversée par le nerf facial ; si ce nerf est touché par le cancer, une paralysie de certaines parties du visage peut alors se manifester.
Causes / facteurs de risque
Le cancer des glandes salivaires se développe le plus souvent chez des personnes qui ont plus de 50 ans. La maladie affecte un peu plus les hommes que les femmes. Les personnes ayant des membres de leur famille touchés précédemment par la maladie présentent un risque augmenté de la développer, pour des raisons génétiques ou liées au mode de vie.
Parmi les facteurs pouvant favoriser le développement d’un cancer des glandes salivaires, on peut citer principalement une exposition à la radiation, en particulier concernant la région cervico-faciale. Ce risque augmente avec la quantité d’irradiation à laquelle la personne a été exposée. Les patients ayant reçu une radiothérapie de la tête et/ou du cou présentent un risque augmenté de développer cette pathologie.
D’autres facteurs sont suspectés de favoriser le développement de tumeurs au niveau des glandes salivaires, en particulier un traitement à l’iode 131 dans le cadre d’un cancer de la glande thyroïde, une infection au virus d’Epstein-Barr (VEB) ou encore la consommation de tabac qui pourrait jouer un rôle dans l’apparition des carcinomes épidermoïdes.
Diagnostic d’un cancer des glandes salivaires
Le diagnostic d’un cancer des glandes salivaires repose, dans un premier temps, sur un examen clinique consistant à vérifier la présence de la masse, ainsi que la présence de toute modification ou manque de sensibilité au niveau du visage. Cet examen est complété par un entretien sur les symptômes et les antécédents médicaux, ainsi que les antécédents de radiation.
Plusieurs examens peuvent ensuite être réalisés pour confirmer la suspicion de cancer :
- une biopsie qui peut être réalisée avec une aiguille fine (cytoponction), pour prélever une petite quantité de liquides ou de cellules dans la masse suspecte ;
- des examens d’imagerie, tels que l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ou la tomodensitométrie (TDM).
Il est aussi nécessaire de rechercher une éventuelle extension de la maladie à d’autres parties du corps, au moyen d’une radiographie ou d’un scanner du thorax.
Ces examens permettent d’identifier le type de cancer et le stade de la maladie. On parle de stade 1 lorsque la tumeur ne mesure pas plus de 2 cm et est localisée uniquement dans la glande salivaire. Le stade le plus avancé est le stade 4 : dans ce cas, le cancer s’est répandu dans la peau, les os ou les nerfs. Il peut aussi avoir affecté les ganglions lymphatiques et s’être propagé à des organes éloignés de la glande salivaire, comme les poumons ou encore le foie.
Comment traiter un cancer des glandes salivaires ?
La décision concernant le traitement utilisé dépend de la glande salivaire atteinte, du type de tumeur, de son évolution, ainsi que de l’état de santé global du patient.
La chirurgie reste le traitement de référence. Elle peut être réalisée dans l’objectif d’enlever complètement la tumeur, d’en enlever la partie la plus grande possible avant l’administration d’autres traitements ou encore d’enlever les ganglions lymphatiques du cou. Lorsque l’opération concerne la glande parotide, on parle de parotidectomie, qui peut être totale (la glande est alors retirée entièrement) ou partielle. La préservation du nerf facial est un objectif majeur, mais peut être compromise en cas d’envahissement tumoral.
La radiothérapie est le plus souvent utilisée en complément de la chirurgie ; elle peut aussi être utilisée seule lorsque la chirurgie n’est pas possible. La chimiothérapie est très rarement préconisée en cas de cancer des glandes salivaires.
Suivi après traitement
Le suivi post-traitement consiste en la prise en charge des séquelles potentielles des traitements, ainsi qu’en la recherche d’éventuelles récidives. Concrètement, le suivi comprend généralement des examens cliniques et endoscopiques réguliers, une surveillance dentaire bisannuelle, un scanner cervico-thoracique 3 mois après la fin du traitement, un dosage annuel de la TSH (Thyroid Stimulating Hormone) et une surveillance ganglionnaire cervicale avec échographie.
Les cancers des glandes salivaires sont de pronostic dit « intermédiaire », avec un taux de survie nette à 5 ans de 66 %, meilleur chez les femmes (72 %) que chez les hommes (61 %).
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