Le diététicien : un acteur clé pour limiter le risque de dénutrition en institution

La présence d’un(e) diététicien(ne) en établissement d’hébergement pour seniors est associée à une diminution
significative du risque de dénutrition chez les résidents.

Le risque de dénutrition est élevé chez les seniors, tout particulièrement dans la population des personnes âgées
vivant en institution. Une étude récente examine les liens pouvant exister entre le risque de dénutrition en
établissement d’hébergement pour les personnes âgées et les caractéristiques propres à ces établissements
. Cette
étude transversale s’est déroulée au sein de 76 établissements suisses accueillant au total plus de 5 000 résidents
âgés en moyenne de 85,2 ans (± 9,1 ans).

Concrètement, les auteurs ont évalué les associations entre la prévalence de dénutrition au sein de chaque
établissement et différentes caractéristiques de ces structures :

  • la quantité de personnel de soin pour 100 résidents (en équivalents temps plein (ETP)) ;
  • le pourcentage de personnel infirmier parmi l’ensemble du personnel de soin ;
  • la présence d’ un(e) diététicien(ne) au sein de l’établissement (interne ou externe) ;
  • l’existence, au sein de l’établissement, de recommandations spécifiques concernant la prévention et la prise
    en charge de la dénutrition ;
  • ainsi que des indicateurs composites évaluant la capacité structurelle à apporter de l’aide aux résidents
    pendant leurs repas et la prise de conscience de la problématique « dénutrition » dans l’établissement.

Prévalence de la dénutrition

La dénutrition a été définie par une perte de poids supérieure ou égale à 5 % du poids total au cours des 30 derniers
jours, ou supérieure ou égale à 10 % du poids total au cours des 180 derniers jours. La prévalence de dénutrition au
sein des établissements inclus dans l’étude est exactement de 5 %
.

Le rôle clé du diététicien

Deux caractéristiques des établissements sont significativement associées à la prévalence de la dénutrition :

  • les structures qui n’ont pas de diététicien(ne), en interne ou en externe, présentent des taux plus élevés
    de dénutrition
    (rapport des cotes ou odds ratio OR = 1,60 ; IC95% = [1,09 ; 2,35], P = 0,016) ;
  • l’existence de recommandations spécifiques concernant la prévention et la prise en charge de la dénutrition
    est aussi associée à un taux plus élevé de dénutrition (OR = 2,47 ; IC95% = [1,31 ; 4,66], P = 0,005). Les
    auteurs expliquent cette dernière association statistique par le phénomène de la causalité inverse : selon
    eux, ce serait la plus forte prévalence de personnes dénutries dans un établissement qui engendrerait la
    mise en place de recommandations spécifiques, comme un moyen de prendre en main le problème.

Les résultats de cette étude ne confirment pas ceux de revues de littérature antérieures qui avaient mis en
lumière une dénutrition augmentée au sein des établissements les moins fournis en personnel de soin
. Les auteurs
suggèrent que ceci pourrait s’expliquer par le ratio très élevé de personnel pour 100 résidents, observé dans le
contexte suisse
(59 ETP pour 100 résidents dans la présente étude vs 25 ETP environ pour des études antérieures
réalisées en France ou en Allemagne).

Pour conclure, cette étude met en évidence l’importance, pour les établissements d’hébergement de personnes
âgées, d’avoir parmi leur équipe pluridisciplinaire, un(e) diététicien(ne) en interne ou en externe
. La disponibilité d’un professionnel de la diététique semble en effet être un facteur clé pour limiter le risque de dénutrition au sein
de ces structures.

Référence

STAHL, J. HAUSER, C. SIMON, M. « et col. » Institutional factors associated with residents’ malnutrition in nursing
homes: a cross-sectional study
. Journal of the American Medical Directors Association, 2023, doi:
10.1016/j.jamda.2023.02.010.