Des protéines pour maintenir son autonomie

Des apports protéiques d’au moins 1,0 g/kg de poids/jour pourraient freiner le processus de perte d’autonomie chez les plus de 85 ans.

Les plus de 85 ans constituent le groupe d’âge qui croît le plus rapidement dans la plupart des sociétés occidentales. Ils sont à haut risque de perte d’autonomie. Or, la nutrition pourrait être un des moyens pour ralentir le processus de perte d’autonomie. C’est ce qu’a investigué une équipe britannique dont les données sont publiées dans le Journal of the American Geriatrics Society.

L’apport en protéine comme objet d’étude

L’objectif était de déterminer si l’apport en protéines est associé à une meilleure trajectoire d’autonomie chez les adultes très âgés (≥85) et si la masse et la force musculaire sont impliquées dans le processus. Pour le savoir, les chercheurs ont suivi pendant 5 ans, 722 sujets de plus de 85 ans (60% de femmes) vivant en collectivité au Royaume-Uni. Leurs apports énergetiques et protéiques, leur taille, leur poids et leur autonomie dans 17 activités corporelles, mentales, domestiques et sociales ont été évalués. La trajectoire de perte d’autonomie a été modélisée à partir des résultats à 0, 18, 36 et 60 mois de suivi.

Quatre trajectoires de perte d’autonomie identifiées

Quatre trajectoires de perte d’autonomie, observées entre l’âge de 85 et de 90 ans ont été identifiées : (1) une trajectoire constante avec peu d’incapacités (AT1- 11,3%), (2) une trajectoire passant d’incapacités faibles à légères (AT2 – 35%), (3) une trajectoire passant d’incapacités légères à modérées (AT3 – 33,9%) et (4) une trajectoire passant d’incapacités modérées à graves (AT4 – 19,8%). Chaque trajectoire progressait graduellement avec l’avancée en âge, sauf la trajectoire AT1 dont les participants présentaient moins d’une incapacité au départ et à 5 ans de suivi. Au contraire, les sujets de la 4ème trajectoire AT4 passaient de 9 incapacités à l’âge de 85 ans à 14 incapacités à l’âge de 90 ans.

Mode de vie, santé et facteurs socioéconomiques sont liés à la trajectoire

Les sujets avec les trajectoires les plus défavorables (AT3/AT4) étaient le plus souvent des femmes, des sujets avec troubles de la déglutition, des personnes ayant perdu plus de 5 % de leur poids en trois ans, des sujets souffrant de dépression, avec peu d’activité physique, ou présentant des pathologies chroniques ou cognitives.

Un rôle favorable des protéines

Les participants dont l’apport en protéines était de plus de 1g/kg de poids corporel/ jour présentaient moins d’incapacités au départ de l’étude et maintenaient le mieux leur autonomie (trajectoires AT1 et AT2) par rapport à ceux dont l’apport était inférieur à 1g/kg/jour, même après ajustement selon le niveau d’éducation, d’activité physique, l’état cognitif, l’apport énergétique et le nombre de pathologies chroniques. La masse et la force musculaires seraient en partie responsables de l’effet protecteur des protéines sur l’autonomie, probablement en maintenant la mobilité.

En théorie, cela signifie que majorer de 0.1g/kg/jour (soit 7g de protéines pour un sujet de 70kg) augmenterait de 20% la probabilité de maintenir son autonomie (trajectoire AT1) et de 13% celle d’en perdre très légèrement (trajectoire AT2). Ces résultats soutiennent les recommandations de plusieurs groupes d’experts proposant une augmentation des apports nutritionnels conseillés en protéines à 1,0 g/kg/jour plutôt que 0,8 g actuellement.

Protein Intake and Disability Trajectories in Very Old Adults: The Newcastle 85+ Study. Mendonça N, Granic A, Hill TR, Siervo M, Mathers JC, Kingston A, Jagger C. J Am Geriatr Soc. 2019 Jan;67(1):50-56. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6334273/