La gestuelle pour mieux communiquer avec les malades d'Alzheimer

Pour entrer en contact avec les sujets atteints de la maladie d’Alzheimer, les soignants de l’Unité Cognitivo-Comportementale de La Clauze[1] associent le langage gestuel aux paroles.

Chez l’enfant, la communication non verbale durant ses deux premières années de vie est le seul moyen de communiquer avec son entourage. Quand on sait que les malades d’Alzheimer ne parviennent plus à retrouver le mot juste ou l’articulé correct, alors même que leurs souvenirs anciens sont conservés, pourquoi ne pas tenter ce mode de communication avec eux ? C’est ce qu’expérimente Marc Beauseigneur, kinésithérapeute à l’UCC de La Clauze[2] .

Le non verbal, un langage qui implique tout le corps

Le langage non verbal utilise le corps, le visage, les mimiques adaptées et les micro-expressions.  Il emprunte souvent les mouvements de main basiques du langage des signes (merci, bonjour, tristesse,….). Pour se faire comprendre des sujets atteints d’Alzheimer, « il faut une expression faciale adaptée, une posture sans équivoque et un langage des signes imagé et précis », explique-t-il. De fait, l’expérience montre que les 7 émotions universelles (joie, tristesse, colère, dégoût, peur, surprise, et mépris) leur sont encore familières. « La joie ou la colère sont comprises même à un stade avancé, avec un temps de latence, si elles sont sincères et accentuées. » 


En pratique 

•    1ère étape, attirer l’attention du sujet

On se place en face de lui, on établit le contact avec un geste de toucher, on le regarde dans les yeux avec un sourire amical et pacifique, et une fois que la personne est bien en phase avec nous, nous pouvons poser notre question. 

Le premier contact est essentiel, et l’empathie indispensable car la réponse du patient peut être immédiate et défavorable si la prise de contact a été maladroite. « Il faut jouer un jeu de rôle et mettre de côté tous les problèmes qui pourraient parasiter l’échange », conseille Marc Beauseigneur. 


•    2ème étape, communiquer simplement

Une fois le contact établi, il faut faire une phrase simple, doublée du geste adéquat. « Il ne faut pas hésiter à être théâtral et à amplifier les expressions du visage qui correspondent à notre demande. » Pour inviter le sujet à faire un geste, faire le geste en question face à lui (se passer le gant sur le visage, manger en miroir…)


Quelques exemples : 

« J’ai mal » : visage grimaçant de douleur, main posée sur le lieu de la douleur ; 
« J’ai froid » : visage exprimant la souffrance liée au froid (dents serrées), les mains frottant les bras opposés comme pour se réchauffer ; 
« J’ai soif » : mimer le fait de boire avec la main levée au-dessus de la bouche, le pouce vers la bouche ouverte, tête penchée en arrière ; 
« Bonjour » ou « merci » : regarder dans les yeux avec un sourire amical, corps légèrement penché vers le sujet et la main faisant le bonjour/merci en langage des signes (main à plat près des lèvres, puis avancer la main vers l’interlocuteur).

Pour Marc Beauseigneur, il faut un peu d’entraînement et surtout ne pas avoir d’a priori pour réveiller l’acteur qui est en nous ! « Les patients atteints de maladie Alzheimer sont très réceptifs à cette communication et « mémorisent » les communicants. » 

 

[1] Créée dans le cadre du plan Alzheimer, l’Unité Cognitivo-Comportementale de La Clauze est spécialisée dans la prise en charge des patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou syndromes apparentés.

[2] L’UCC de La Clauze organise trois fois par an une formation-accompagnement gratuite pour les proches aidants.

 

Maladie d’Alzheimer : communication par le langage non verbal. Marc Beauseigneur. Kinesither Rev 2019; 19(207)