Le manger mains auprès des personnes âgées – Nutrisens

 « L’altération progressive des facultés cognitives entraîne à plus ou moins court terme l’oubli de l’usage de certains objets comme les couverts. Le manger-mains permet à ces personnes de retrouver ou maintenir leur autonomie en se servant de leurs doigts pour manger mais également de renouer avec les sens (le toucher, l’odorat). Le repas redevient un moment de plaisir et de convivialité. »

Projet présenté par : Cécile Ingelaere, diététicienne, pour l’hôpital gériatrique Les Bateliers (59)

Proposer du Manger-Mains à l’hôpital

L’aventure manger-mains de l’hôpital gériatrique Les Bateliers débute à l’arrivée en 2012 de Cécile Ingelaere, diététicienne, pour un stage de 4 mois dans le cadre de sa licence professionnelle. 

L’objectif de son stage est ambitieux : mettre en place la solution manger-mains pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées et qui ont des difficultés à manger seuls et/ou à utiliser leurs couverts.

Le régime Manger-Mains : un projet en plusieurs étapes

Pourtant sans brûler les étapes le projet manger-main voit petit à petit le jour. 

Après s’être renseignée auprès des structures proposant du manger-mains (comme les EHPAD), elle mène un travail d’observation auprès des résidents permettant ainsi d’identifier les personnes pour lesquelles la solution manger-mains pourrait être intéressante.

Bien qu’être atteint de la maladie d’Alzheimer est un facteur potentiel pour adresser cette solution de manger-mains, il ne doit pas être le seul facteur à identifier. Manger avec les doigts, tâtonner sur le plateau ou encore avoir des difficultés à manger proprement malgré la mise en place de couverts et vaisselles adaptés sont des critères à prendre en compte. 

Le projet manger-mains intègre également un travail important de recherche en cuisine. Les cuisiniers n’ayant pas la possibilité de réaliser eux-mêmes les bouchées (trop peu de résidents concernés), le choix est fait de sélectionner des aliments facilement préhensibles mais qui soient aussi faciles à mastiquer et à déglutir pour les patients dysphagiques (produits industriels, terrines de légumes, de poisson, pâté, fromage, gourde de yaourt, compote, crème,…). 

La création des menus manger-mains passe alors par un calcul minutieux de l’apport nutritionnel et un travail sur la variété des produits servis. 

Obtenir l’adhésion du personnel, des familles et des résidents !

Avant de mettre en place le manger-mains, l’adhésion du personnel et de la famille est essentielle. Des réunions du personnel (soignant et en cuisine) sont organisées pour faire goûter les produits et chaque famille est informée

3 repas complets sont finalement servis chaque semaine pour une dizaine de résidents. 
En effet alors que les entrées et desserts sont servis chaque midi, le manque d’alternatives pour le plat ne permet pas alors de garantir une variété suffisante pour éviter la lassitude. 

Malgré tout, des fiches de suivi alimentaire et un contrôle du poids mis en place avant et après l’introduction du manger-main montrent pour les patients ciblés une meilleure consommation alimentaire et une reprise de poids. Pour les équipes, revoir certains patients manger de nouveau seul et avec plaisir reste dans tous les cas la plus belle des victoires

Les plus du projet manger-mains à retenir 

–    Après 3 ans, le projet manger-mains continue à vivre grâce aux outils mis en place par Cécile Ingelaere désormais diététicienne à l’hôpital gériatrique Les Bateliers. 

–    Les soignants se chargent d’identifier les personnes pour qui la solution manger-mains peut-être intéressante, preuve de leur adhésion et implication dans le projet

–    Cécile Ingelaere et l’ensemble des équipes souhaitent aujourd’hui déployer leur solution nouvelle car adaptée au milieu hospitalier au Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille et en particulier en psycho-gériatrie

Malgré les contraintes que représente la réalisation de quelques dizaines de plateaux manger-mains sur plus de 7000 plateaux servis, les équipes persuadées de l’intérêt de la solution pour lutter contre la dénutrition et améliorer la qualité de vie des patients souhaitent que cette solution puisse être proposée au plus grand nombre.