La régénération musculaire comme axe de prévention de la sarcopénie

Favoriser la régénération musculaire pourrait être un des nouveaux axes de lutte contre la sarcopénie. Des chercheurs français font le point sur les avancées nutritionnelles sur ce domaine dans une revue de la littérature publiée début 2016

Le muscle squelettique est un tissu dont le taux de renouvellement est faible. Toutefois, il a une excellente capacité à se régénérer lorsqu’il est blessé. Sa régénération implique un dialogue entre les cellules immunitaires (infiltrées suite à la lésion) et les cellules musculaires. Or, avec l’avancée en âge, on sait que l’activité des cellules immunitaires et celle des cellules souches musculaires déclinent. Les capacités de régénération ainsi amoindries contribuent au développement de la sarcopénie (détérioration de la force musculaire et des performances physiques avec l’avancée en âge). Préserver la capacité du muscle à se régénérer pourrait être une nouvelle cible d’action pour ralentir la fonte musculaire liée à l’âge. Une récente revue de la littérature, écrite par des chercheurs de l’INRA, de l’Université et du CHU de Clermont-Ferrand revient sur les bases physiologiques de la régénération musculaire et l’impact de l’âge sur ce processus, avant de présenter les stratégies nutritionnelles les plus encourageantes pour la promouvoir.

La régénération musculaire comme axe de prévention de la sarcopénieParmi celles-ci, la qualité des protéines alimentaires semble essentielle. Les protéines du lactosérum ont montré leurs capacités à rendre plus efficace la réponse immunitaire et ainsi à améliorer le dialogue entre cellules immunitaires et cellules musculaires. La leucine qu’elles contiennent augmente l’expression des chaines lourdes de la myosine de type 2, limite la fibrose et prévient la diminution des capacités du muscle à se régénérer. Les protéines de poisson ont aussi un intérêt pour leur action anti-inflammatoire due à leur richesse en arginine, glycine, taurine et lysine.

Les oméga-3 comme le DHA et l’EPA ont une action anti-inflammatoire intéressante dans le contexte de la régénération musculaire selon des études in vitro. L’EPA prévient les effets du TNF-α sur l’expression des chaines lourdes de la myosine et la mort cellulaire. Le DHA, quant à lui, favorise l’anabolisme musculaire en inhibant la protéolyse.

Les polyphénols, dont les propriétés anti-inflammatoires sont connues, accélèrent la réponse des macrophages et ainsi la mise en place du processus de régénération. Le thé vert, en inhibant un des médiateurs de l’inflammation, le NF-кB, limite l’évolution dégénérative du muscle.

Enfin, la vitamine D est un bon candidat pour stimuler la récupération musculaire car les cellules immunitaires et celles musculaires sont ses cibles privilégiées. Elle augmente la prolifération et réduit la mort des cellules dans le muscle lésé. Elle est aussi capable de moduler l’expression et la circulation des cytokines spécifiques du muscle blessé. Un élément prometteur lorsque l’on connait l’ampleur de la carence en vitamine D dans la population âgée.

Pour les auteurs, l’impact de la nutrition sur l’efficacité de la régénération musculaire est un sujet émergent dont l’intérêt concerne toutes les situations impliquant la réparation musculaire. Il mérite en particulier d’être étudié chez le sujet âgé.

Source : Skeletal muscle regeneration and impact of aging and nutrition. Domingues-Faria C, Vasson MP, Goncalves-Mendes N, Boirie Y, Walrand S. Ageing Res Rev. 2015 Dec 9;26:22-36. doi: 10.1016/j.arr.2015.12.004