Prévention de l’allergie alimentaire du nourrisson

L’augmentation de la prévalence de l’allergie alimentaire chez les nourrissons et jeunes enfants incite à rechercher quels sont les facteurs pouvant expliquer cette augmentation. Dans quelles mesures le comportement alimentaire et l’environnement maternel influencent-ils l’allergie alimentaire chez le nourrisson ?
Même si la thématique pose question, les études concernant l’allergie alimentaire sont encore rares. Différentes études génétiques ont néanmoins permis d’identifier des relations complexes entre facteurs environnementaux et polymorphismes des gènes.

 

Prévention de l’allergie alimentaire du nourrissonCertains travaux réalisés sur le génome d’enfants avec allergie alimentaire (AA) comparés à des enfants non atopiques (non A), mettent en évidence qu’il existe des différences de méthylation de l’ADN d’au moins 10%, portant sur une trentaine de gènes, entre les deux catégories de population étudiées (AA et non A).

Dans la mesure où la méthylation des gènes est un facteur important de modification de leur expression, la question d’un régime alimentaire à teneur élevée en nutriments donneurs de méthyl a été soulevée. Les résultats des études sont hétérogènes. Selon une étude menée chez 138 enfants d’une cohorte à haut risque d’atopie, un taux élevé de folates sériques pourrait augmenter les sensibilisations alimentaires. Une autre étude démontre qu’il n’y a pas de relation entre les apports de folates, vitamine B12 et le taux de méthylation de l’ADN.

Qu’en est-il du côté des suppléments en folates? Prescrits généralement à la dose de 400 µg/j en période périconceptionnelle et en début de grossesse ? Une étude semble indiquer que les enfants issus de mères ayant pris plus de 500 µg de folates par jour ont plus d’eczéma que ceux de mères ayant pris moins de 200 µg par jour. La relation entre taux de folates dans le sang du cordon et les sensibilisations représente une courbe en U. Les sensibilisations sont plus fréquentes pour un taux <50 nmol/L ou un taux supérieur à 75 nmol/L, par rapport aux valeurs intermédiaires.

Selon l’auteur, les risques éventuels seraient donc à considérer au sein de certaines populations où une enquête montre que près de 12% des femmes enceintes ingèrent plus de 1000 µg par jour.

Par ailleurs, la supplémentation en acides gras polyinsaturés à longue chaîne oméga 3 (PUFA) entreprise pendant la grossesse a fait l’objet de différentes études non concluantes.

Une consommation courante de beurre fermier et de yaourts à partir de lait fermier ou un régime riche en polyphénols (fruits et légumes) ou en fibres pourraient quant à eux être protecteurs de l’allergie. Concernant l’administration de probiotiques chez la femme enceinte, si les auteurs s’accordent sur une réduction de l’incidence de la dermatite atopique, ils reconnaissent l’absence de modification des sensibilisations.

Une exposition aux polluants atmosphériquesle stress, ou encore un tabagisme anténatal augmenteraient quant à eux, le risque de sensibilisation ou d’allergie alimentaire.

Au terme de cet état des connaissances, l’auteur rappelle qu’il ne faut pas négliger l’importance des facteurs post-naissance. Par ailleurs, les modifications épigénétiques sont évolutives dans le temps, elles peuvent disparaître et se produire à tout âge. L’auteur souligne en conclusion que la prévention des atopies et allergies alimentaires est possible.

Si la prise en charge de la femme enceinte est encore balbutiante, il est fondamental pour la Santé Publique de mener une politique préventive et d’améliorer la connaissance des déterminants précoces du risque d’allergie de l’enfant tels que le contrôle épigénétique de l’expression des gènes par l’alimentation.

Source : D.A. Monneret-Vautrin (Octobre 2014). Programmation fœtale de l’allergie alimentaire : génétique et épigénétique. Revue française d’allergologie 54 pages 505-5012.

Lien utile : http://www.sciencedirect.com.sicd.clermont-universite.fr/science/article/pii/S1877032014003807