Dénutrition : diagnostic, dépistage et conséquences

Stéphane Schneider fait le point sur la dénutrition dans l’ouvrage Nutrition Clinique Pratique. L’occasion de rappeler quelques chiffres utiles sur la prévalence de cette pathologie, son dépistage et ses conséquences.

Rappel

■  La dénutrition est définie par un état de déficit en énergie, en protéines, ou en n’importe quel autre macro- ou micronutriment spécifique, produisant un changement mesurable des fonctions corporelles et/ou de la composition corporelle associé à une aggravation du pronostic des maladies. Le muscle est le plus touché par la dénutrition et son atteinte est à l’origine de la plupart des conséquences de la dénutrition.

Les multiples conséquences de la dénutrition 

■ Augmente la morbidité et la mortalité des pathologies chroniques et aiguës
■ Prédispose à :
– l’infection en particulier nosocomiale et pulmonaire
– l’ostéopénie/ostéoporose
– la dépendance, aux chutes et aux handicaps
– aux escarres et à la maladie thrombo-embolique 
– aux fractures en cas de chute
– à l’hypothermie
■ Retarde la guérison
■ Réduit l’efficacité des traitements
■ Augmente la durée de la convalescence, le nombre de prescriptions et le coût de l’hospitalisation
■ Affecte la qualité de vie, bien-être et les relations sociales                                                                                                                                                     

D’après Stratton et al

■  Cet état de déficit peut être lié à une carence d’apports et/ou une augmentation des pertes et/ou une augmentation des besoins. Il peut être associé à certaines pathologies chroniques.

 

Principales pathologies chroniques associées à la dénutrition 

Pathologie/Age Prévalence de la dénutrition
Cancers 39%
Sida 5 à 10%
Insuffisance rénale 25% (insuffiant rénal) à 70% (dialysés)
Insuffisance respiratoire  20 à 70%
Pancréatite chronique 67%
Hépatopathies chroniques 30%
MICI 15%
Maladies neuromusculaires 15-55%
Maladies neurologiques avec troubles de la déglutition 100% chez AVC avec troubles de la déglutition
Sujets âgés à domicile 70-80 ans 3-5%
Sujets âgés dont plus de 80 ans 10%
Sujets âgés en Institution de plus de 60 ans 20-30%

D’après Stratton et al

■  L’association de signes fonctionnels est évocatrice de la dénutrition

Les signes fonctionnels à repérer

■ Altération des capacités de mémorisation et de concentration

■ Asthénie en milieu de journée

■ Diminution des capacités physiques

■ Désintérêt pour les activités courantes

■ Signes digestifs : anorexie, dysphagie et odynophagie, lenteur de digestion, pesanteur gastrique postprandiale, diarrhée et/ou constipation

 

■  Le diagnostic de la dénutrition repose sur un faisceau d’arguments concordants : cliniques, biologiques et indices composites (MNA, NRI…)

Il y a dénutrition lorsqu’il y a présence d’au moins un des critères suivants : 

Dénutrition Dénutrition sévère

 <70 ans

IMC : 16-18.5
Perte de poids >5 % en 1 mois 
ou > 10% en 6 mois
Albuminémie <30g/l
Transthyréthinémie <0.11g/l

<70 ans

IMC <16
Perte de poids >10 % en 1 mois 
ou > 15% en 6 mois
Albuminémie <20g/l
Transthyréthinémie <0.05g/l

>70 ans

IMC : 18-21
Albuminémie <35g/l
MNA <17 ou MNA-SF <8

>70 ans

IMC <18
Albuminémie <30 g/l
 

Critères de la HAS

Dénutrition – S Schneider in Nutrition Clinique et Pratique – Jean-Louis Schlienger. 2018 Ed Elsevier Masson